Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2003, le Rhône déborde, une partie du nord de la ville de Arles est envahie par plusieurs mètres d’eau. L’inondation, violente, marque profondément les esprits par les dégâts qu’elle a causés, en particulier dans la ville dont les quartiers nord ont été submergés.
En 2005 puis 2016, le Museon Arlaten a mené deux terrains d’enquête ethnographiques auprès des victimes de ces inondations.
Des conditions météorologiques épouvantables
Depuis plusieurs jours, les pluies sont abondantes et un fort vent du sud empêche l’eau de s’écouler vers la mer. La situation est grave. À partir du 1er décembre, les communes en amont d’Arles, en particulier la vallée des Baux et la plaine dite du déversoir (Boulbon, Tarascon, etc.) sont inondées.
Le débit du Rhône dépasse les 13 000 m3/s.
Les digues résistent, mais le 3 décembre vers 21 h, l’eau ouvre deux brèches entre Arles et Tarascon, au niveau de la voie ferrée qui sert de digue depuis sa construction au XIXe siècle.
L’eau arrive
Deux brèches touchent aussi le canal des Alpines au sud de Tarascon.
Les eaux prennent la direction d’Arles et s’engouffrent le 4 décembre vers 8 h du matin dans la zone industrielle nord comprenant 250 entreprises. Dans la journée, elles submergent les quartiers du Trébon et Monplaisir avant de s’arrêter au canal du Vigueirat et à la roubine du Roy dont les bords surélevés forment digues.
Pas moins de seize millions de m3 d’eau se déversent sur la ville.
Un bilan lourd
Vingt mille personnes sont sinistrées. On déplore le décès d’une vieille dame.
La prison est évacuée, ainsi que douze mille habitants. Au total, 750 entreprises subissent des dommages, plus de 2 000 salariés sont soumis au chômage technique. Certaines entreprises – comme l’usine Lustucru – ne reprendront plus leur activité.
70 communes du département des Bouches-du-Rhône sont déclarées en état de catastrophe naturelle pour inondation ou coulées de boue entre le 1er et le 4 décembre 2003.
Des secours … sur la brèche …
Rapidement les secours sont organisés avec des moyens exceptionnels à la hauteur de la catastrophe. Des renforts viennent d’un peu partout. Au total, cinq cents pompiers français ou éléments de la sécurité civile, mille pompiers européens (allemands, italiens, belges et tchèques), plusieurs centaines de militaires et de policiers sont déployés. L’eau atteignant des niveaux compris entre 60 cm et 2 m selon les lieux, il faut attendre la décrue du Rhône. Plusieurs jours de pompage sont nécessaires pour que l’eau se retire.
Que s’est-il passé ???
La crue de décembre 2003 a été provoquée par un événement pluvieux d’une grande importance qui a affecté l’ensemble du bassin versant de Lyon à la mer. Le cumul des apports des affluents du Rhône a été très élevé et relativement simultané.
De plus, la vidange lente des champs d’expansion de crues fortement sollicités par l’afflux important des eaux, et la réaction tardive de la Durance ont largement contribué aux débits importants constatés à Beaucaire/Tarascon.
Enfin, la forte urbanisation des dernières décennies a rendu vulnérables des zones autrefois anciennes terres agricoles.
Les Arlésiens ont oublié que le fleuve pouvait déborder ; la prise de conscience sera brutale, ouvrant un nouveau chapitre sur la relation au fleuve et la question de la culture du risque.