Dans le temps
Remontant à la fin de l’ère tertiaire, entre – 10 et – 5 millions d’années, la naissance du Rhône est due aux premiers soulèvements alpins et jurassiens, mais son tracé actuel est formé par les glaciations würmiennes.
Avant cette période glaciaire, Rhône et Saône ne formaient qu’un seul et même fleuve. Le Rhône de Genève à Lyon n’existait pas encore.
À la formation des glaciers alpins, le cours d’eau se déplace petit à petit vers l’est, son emplacement actuel. Avec le retrait des glaciers, les montagnes situées dans l’est lyonnais sont façonnées, condamnant la partie amont du fleuve à devenir un affluent du Rhône : C’est la naissance de la Saône.
Dans l’espace
Le Rhône prend sa source en Suisse à 2200 mètres d’altitude dans le massif du St Gothard au cœur d’un glacier, au fond de la vallée de Gletsch, aux confins du Valais.
C’est un torrent puis un cours d’eau de montagne aux eaux de jade ou aux sombres reflets de fer qui coule dans la vallée suisse, traversant Sion, capitale du Valais, puis cheminant jusqu’à Martigny à la confluence avec la Dranse. Là, en un brusque coude il bifurque, pour se diriger vers le Léman, sa première embouchure.
Après Genève, le Rhône reçoit l’Arve. Jusqu’à Lyon, il sillonne dans des gorges, entre les reliefs du Jura et des Alpes, il franchit le flanc oriental du Jura par la cluse de Bellegarde et l’imposant barrage de Génissiat, puis gagne les plaines. Après le canal de Savières, coulant entre massif du Bugey et plateau calcaire de l’île Crémieu près des grottes de la Balme, il est rejoint par la rivière d’Ain.
Enfin à Lyon, il bifurque vers le sud avant d’accueillir la Saône son principal affluent, son prolongement vers l’Europe septentrionale, à tel point que l’on parle d’axe Rhône-Saône.
Le Rhône coule dans sa vallée, entre Alpes et Massif Central, direction la Méditerranée, sa seconde embouchure après celle du Léman.
Il reçoit l’Isère, la Drôme puis la Durance en rive gauche, l’Ardèche , la Cèze et le Gardon en rive droite. Il franchit une série de défilés taillés depuis l’ère tertiaire dans le rebord du Massif Central, s’étire au pied des coteaux.
Après le défilé de Donzère aux falaises calcaires, le Rhône rejoint la Provence et coule dans une large plaine. Il finit sa course dans la Méditerranée, après s’être divisé à l’entrée d’Arles en 2 bras : le Petit et le Grand Rhône formant un delta.
Un régime hydrologique complexe
Sur l’ensemble de son linéaire, le Rhône reçoit trois familles d’affluents aux climats variés :
> Au nord, le réseau hydrographique de la Saône alimenté par des pluies d’origine océanique, en automne et en hiver.
> A l’est, les affluents alpins approvisionnés par les glaciers et la fonte des neiges au printemps.
> Au sud, le climat méditerranéen entraîne des étiages marqués et des crues importantes en automne.
Les 4 types de crues du Rhône
> océaniques, avec un rôle prépondérant de la Saône,
> méditerranéennes marquées par une forte contribution des affluents méditerranéens de rive gauche comme la Durance,
> cévenoles avec les affluents méditerranéens de rive droite : l’Ardèche, la Cèze, le Gardon,
> généralisées, comme celle de 1856 ou plus récemment en 2003, elles conjuguent les trois types de crues avec risque de véritables catastrophes naturelles.
Le Rhône demain ?
Le Rhône a été modifié par les aménagements du XIXème siècle avec les casiers et digues Girardon. Sa canalisation réalisée au XXème siècle sur plus de 300 km a diminué les débits de l’ancien cours, les Vieux-Rhône. Ses paysages ont été bouleversés. Hormis par l’intervention de l’Homme ces derniers siècles, son parcours n’a pas fondamentalement changé durant des millénaires.
Mais aujourd’hui, on constate des effets du changement climatique sur son cours :
Avec le recul du glacier du Rhône estimé à 2 km depuis 1850, la baisse de son débit, un réchauffement de ses eaux … l’avenir du Rhône, le plus puissant fleuve de France, est préoccupant.