Quand l’histoire nous emmène en voyage
Les collections du musée, comme les céramiques utilitaires, nous font voyager dans le temps et dans l’espace. En les observant, avec un peu d’imagination, on peut se transporter dans les ateliers de Portout au début du Vè siècle, écoutant le bruit des tours de potier et les clous des chaussures sur leur volant.
Les amphores nous emmènent dans la péninsule ibérique, dans le Nord de l’Afrique, et jusqu’en Orient, d’où elles initiaient leur voyage pour nous porter ces aliments venus des quatre coins de l’Empire romain : garum, vin, huile, olives, conserves de poissons, salaisons.
Quand le voyage fait l’histoire
À l’époque des grands comtes de Savoie, le voyage sur la Savières devient politique. Au printemps 1391, le Comte rouge Amédée VII organise un dîner avec l’évêque de Maurienne, son Conseil, sur son bateau, à Chanaz.
Il mourra quelques mois plus tard dans des conditions mystérieuses au château de Ripaille. Son corps est alors embarqué sur une nef funèbre, qui passera de nouveau à Chanaz pour être inhumé à Hautecombe, comme le furent ses ancêtres.
Quand l’histoire s’accélère
Arrivé le XIXème siècle, le canal n’aura jamais vu tant de monde. La révolution de la vapeur est en marche et le tourisme fluvial se développe rapidement grâce à l’essor des thermes à Aix-les-Bains.
Reliant Lyon à la ville thermale, l’Hirondelle, le Pirate, la Coquette, l’Abeille assurent quotidiennement le service de transport des voyageurs et des marchandises.
Chanaz, point de passage obligé, devient aussi un lieu de tourisme pour les curistes, entraînant ainsi son essor avec l’ouverture des premiers cafés, hôtels et restaurants.
Quand l’histoire nous fait rêver
Il se dit, à qui veut bien le croire, que le canal de Savières fut créé par un acte d’amour. La châtelaine de Châtillon, éperdument amoureuse d’un jeune homme vivant dans le Bugey, aurait construit de ses mains, le canal afin de pouvoir rejoindre le damoiseau sans que son père ne l’en empêchasse.
En 1875, le journaliste littéraire Antony Dessaix nous le raconte ainsi dans ses Légendes et traditions populaires de la Savoie : « L’eau du lac qui, de son côté, éprouvait un vif désir de se joindre au plus tôt à celle du Rhône, se prêta à l’opération. Bientôt elles envahirent le sillon tracé par la jeune fille, développèrent ce sillon de manière à s’en faire un lit convenable, et tout alla si bien que quelques jours suffirent pour accomplirent à la fois les vœux du lac et ceux de la châtelaine de Châtillon. Le canal de Savières réunit les deux ondes et rapprocha les amoureux (…) ». Et gardant le mystère : « (…) le père de l’entreprenante ne sut jamais à quel ingénieur il était redevable de ce précieux canal de Savières. Il se contenta de l’utiliser de son mieux, d’en faire une source de droits de péage, et de s’en servir pour aller voir ce qui se passe sur les brouillards du Rhône. »
Quand l’histoire nous fait croire
Mercure, dieu romain du commerce, des arts et des métiers, sans nul doute gardait-il un œil sur les potiers de Portout. Sa statuette, retrouvée pendant les fouilles effectuées entre 1976 et 1987, nous transporte vers un univers lointain de croyance.
Protecteur des voyageurs, rien d’étonnant à ce qu’on l’ait retrouvé aux abords du canal de Savières.
Pièce maîtresse du musée gallo-romain de Chanaz aujourd’hui, Mercure continue son voyage dans le temps et nous garantit protection et réussite, nous menant vers de nouveaux horizons prometteurs, avec la réouverture en 2023 d’un musée moderne et novateur.