Être riverain
Dès le néolithique, des populations se fixent sur les rives du Rhône. A la période gallo-romaine, de petites agglomérations se développent.
Au Vème siècle, le fleuve a probablement été un des facteurs du transfert du siège de l’évêché d’Alba à Viviers qui devient capitale du Vivarais. Les évêques de Viviers qui ont longtemps eu des possessions outre rive, font du Rhône une source de richesse et de pouvoir en percevant le fruit des péages des traversées.
Certaines petites villes dont Bourg-Saint-Andéol, Viviers et le Teil, connaitront une belle prospérité : en bord du Rhône, elles constituent des passages obligés vers les arrière-pays, les Cévennes, l’Auvergne et attirent les activités industrielles et commerciales.
Être riverain, c’est aussi vivre avec les crues du Rhône. Les repères de crue en témoignent et entretiennent la mémoire du risque. Car il faut se souvenir du fleuve débordant, comme à l’automne 1840 ou au printemps 1856 : le débit moyen de 1800 m3 par seconde atteignait 12 000 m3 par seconde !
De rive à rive
Difficile à franchir, le fleuve ne constituait cependant pas pour le Vivarais une frontière étanche.
Dès le IIème siècle, on suppose déjà l’existence de bacs en raison du trafic important entre les deux rives, même s’ils ne seront attestés qu’au XVIe siècle. Ainsi, la frontière entre le Royaume de France et le Saint-Empire Romain germanique, à partir du XIVème siècle, est théorique.
Au début du XIXème siècle, les bacs permettent la traversée depuis les principaux villages : Meysse, Rochemaure, Le Teil, Viviers, Bourg-Saint-Andéol, Cruas …
Le principe du bac à traille permet d’éviter que les embarcations ne dérivent avec le courant. Tout se transporte de rive à rive : chevaux, moutons, porcs ; récoltes de bois, grains, feuilles de muriers pour l’élevage du ver à soie ; chaux produite dans les cimenteries locales, pierre, …
À partir de 1825 selon la technique mise au point par l’ingénieur ardéchois Marc Seguin, les ponts suspendus remplacent les bacs à traille.
Le Rhône au service de l’Homme
Avec les digues et épis Girardon, les ponts Seguin, la création par la Compagnie Nationale du Rhône de barrages hydroélectriques et de canaux pour la navigation, le fleuve au XIXème et XXème siècle s’aménage. Sur ses rives, agriculture et industrie se côtoient.
Aujourd’hui, le territoire, entre fleuve canalisé et Vieux Rhône, s’est enrichi d’un nouvel axe, la ViaRhôna, qui laisse présager de nouveaux usages et des regards inédits sur le Rhône.
La passerelle de Rochemaure illustre cette évolution : de pont suspendu édifié au XIXème siècle et protégé par les Monuments historiques, il est devenu une passerelle himalayenne réservée aux piétons et aux touristes à vélo de la ViaRhôna.