Les ponts de type Seguin
L’ingénieur ardéchois Marc Seguin adapte le système des ponts suspendus, existant déjà aux États-Unis, en remplaçant les chaines de suspension en fer forgé par des faisceaux de fil de fer, très résistants.
Les ponts sont rapides à construire. Ne nécessitant qu’une pile au milieu du lit, ils s’adaptent bien au fleuve. Le prix de revient de leur construction est 6 à 10 fois moindre que les ponts en pierre.
Sur le Rhône, la construction des ponts ne provoque cependant pas la disparition complète des bacs qui perdurent, réutilisés chroniquement, comme après la Seconde Guerre mondiale avec la destruction de certains ouvrages.
Le pont de Rochemaure, détruit, reconstruit…
Le premier pont suspendu de Rochemaure, inauguré en 1843, est détruit par la grande crue de 1856. Il est reconstruit sous la direction de Marc Seguin, et inauguré en 1858.
En 1884, la commune de Rochemaure rachète le pont et l’État rachète le péage par un traité. La traversée du Rhône devient gratuite.
Détruit en 1940 par l’armée française en retraite, réparé puis de nouveau partiellement détruit en 1944 par les bombardements alliés, le pont est restauré en 1945.
Une esthétique particulière
Les tours du pont sont décorées de faux merlons, créneaux et mâchicoulis. D’inspiration médiévale, elles rappellent le château édifié sur la colline surplombant le village de Rochemaure et la vallée du Rhône. L’ouvrage est long d’environ 300 mètres.
De chaque côté du pont est aménagée une niche. En rive de Rochemaure, côté Ardèche, elle abrite une statue de sainte Marie Réparatrice et en rive d’Ancône, côté Drôme, une statue de saint Joseph.
Un ouvrage inadapté à la circulation automobile
Le pont de Rochemaure n’est pas adapté à la multiplication des automobiles ; étroit il ne permet aucun croisement. Il devient trop fragile pour une circulation importante : en 1965, 938 véhicules l’empruntent quotidiennement.
À partir de 1968, suite à l’endommagement du tablier par un camion lourdement chargé, l’accès est interdit aux voitures de plus de 3 tonnes et réservé aux piétons et aux deux-roues.
Mobilisation pour son sauvetage
En 1976, un pont moderne est en construction en aval du vieux pont suspendu, qui suite à deux incendies en 1982, est finalement interdit aux piétons. Se pose la question de sa démolition.
Les habitants de Rochemaure attachés à leur pont, refusent sa destruction. Une association de sauvegarde est créée qui obtient l’inscription du pont au titre des Monuments Historiques en 1985.
Transformation en passerelle himalayenne
Pour qu’il serve à nouveau, le pont suspendu de Rochemaure est transformé en passerelle himalayenne : les piles sont restaurées, le tablier démoli et remplacé par une structure métallique.
Le projet est réalisé sous la maîtrise d’ouvrage de la commune de Rochemaure, co-financé par l’État, la Région Rhône-Alpes, le Département de l’Ardèche, l’Union Européenne, la Compagnie Nationale du Rhône, la Communauté de Communes Barrès Coiron, la Commune de Rochemaure.
La passerelle inaugurée en août 2013 est désormais empruntée par les piétons et les cyclotouristes de la ViaRhôna.