Culture & Patrimoine

Rhône provençal, la limite nord du Grenache

Un Rhône, douze vignobles

proposé par André Deyrieux

Grenache et champs de lavande © Andre Deyrieux

En aval de la confluence du Rhône avec la Drôme, au sud de Montélimar, on retrouve la vigne vers le défilé de Donzère. Au climat méditerranéen, au mistral et à l’olivier, s’ajoute en complémentarité le grenache, dont c’est ici la limite nord, dans un riche bouquet assemblant d’autres cépages.

Amphore et tonneaux
C’est également la frontière pour les sites de fabrication de l’amphore : les ateliers antiques les plus septentrionaux se trouvaient à Saint-Just en Ardèche et à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse. Plus haut, le tonneau était roi, en témoigne le linteau du IIe siècle de la chapelle Saint-Pierre de Colonzelle, à 20 km du Rhône.

Une plaine alluviale couverte de vignes
Entre les défilés de Donzère au nord et de Mondragon-Mornas au sud, la large plaine alluviale du Tricastin était à l’époque romaine couverte de vignes. De vastes domaines viticoles exportaient d’importantes quantités de vin par le port de Viviers vers la Méditerranée ou vers les populations du nord et les légions du Rhin ou de Bretagne.

La Villa Molard
Au 1er siècle de notre ère, une des plus grandes exploitations viti-vinicole vinicole connue du monde méditerranéen antique, la Villa Molard, se trouvait au niveau de Donzère. Elle fut en activité jusqu’à la fin du II siècle. À proximité du Rhône et de la voie Agrippa, cet ensemble de bâtiments d’une superficie de 10 000 m² aurait été un important centre de production et de stockage de vin tourné vers l’exportation.
De quoi se rappeler la réflexion de Giono sur cette « terre rhodanienne où la poussière des routes est faite des débris des statues romaines. » (L’Eau vive).

Côteaux et affluents
Au Moyen Âge, les vignes vont sur les côteaux, les contreforts du plateau ardéchois, et gagnent en diversité géologique en remontant les affluents. Du nord au sud, rive gauche : la Berre (qui arrose le pied de Grignan) ; le Lez (sur le cours duquel se trouve la renommée faculté du vin de Suze-la-Rousse où siège la Commanderie des Costes du Rhône, ainsi que le village de Richerenches, capitale de la truffe Tuber melanosporum) ; l’Eygues qui se jette dans le Rhône à Caderousse (Vinsobres et Cairanne). Rive droite, ce sont l’Ardèche, au débouché de laquelle fut construit au XIIIe siècle le plus vieux pont de tous les ponts sur le Rhône (Pont-Saint-Esprit) et la Cèze.
Les vignes rejoignent d’autres ressources gastronomiques et touristiques : les châtaignes ardéchoises et les truffes de la Drôme et du Vaucluse.

Au plus près du Rhône
Une grande variété de vins se déploie sous plusieurs appellations : côtes-du-vivarais, côtes-du-Rhône, côtes-du-Rhône villages. Ce sont les vignes de Grignan-les-Adhémar, qui ont abandonné leur ancien nom, lié à la tribu gauloise des Tricastini. C’est le village ardéchois de Bourg-Saint-Andéol, bordé par le Rhône, évoqué par Michelet (Notre France) : « entre le roc et le roc, le schiste et le schiste, une toute petite vigne s’accroche. » C’est Chusclan (célèbre pour ses Vendanges de l’histoire), et plus à l’intérieur des terres, Laudun. Ce sont, avant l’Ouvèze, les vignes du Massif d’Uchaux, dont les 600 hectares de vignes sont majoritairement en bio, en hommage au célèbre naturaliste et entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915), le premier à mettre en évidence le rôle et l’importance de la biodiversité et des interactions entre flore et faune méditerranéenne.

Après cette halte dans le Comtat Venaissin, terre papale rattachée à la France en 1791, nous rejoindrons notre prochaine étape, capitale de la papauté entre 1316 et 1377.

  • Grenache en Rhone provencal © Andre Deyrieux

    Grenache en Rhône provençal

  • Grenache et champs de lavande © Andre Deyrieux

    Grenache et champs de lavande