Culture & Patrimoine

Vignobles de Vienne et Condrieu

Un Rhône, douze vignobles

proposé par André Deyrieux

Coteaux de Condrieu © Mairie de Condrieu

C’est la richesse de son passé géologique qui a donné à la vallée du Rhône une terre fertile pour la vigne.
L’histoire du vin y débute au IVe siècle avant notre ère, lorsque les Grecs plantent la vigne à Marseille. Elle se développe au nord de la vallée du Rhône, à partir du 1er siècle après JC, grâce aux Romains qui remontent le fleuve.

La Vienne antique, un carrefour où se liaient navigation et commerce
Les Romains donnent l’impulsion d’un vignoble commercial, d’autant que Vienna est située sur une voie d’échanges majeure de l’Empire : l’axe rhodanien relie la Méditerranée aux provinces du nord, connecté vers l’est à la voie du pays allobroge dont Vienne est la capitale jusqu’aux Alpes et au Léman. Vers l’ouest, une importante voie muletière franchissait les monts menant à Rive-de-Gier.

Le vin à Vienna
En rive gauche du Rhône, la surface des entrepôts (environ 5 hectares) témoigne de l’importance du commerce de Vienna. Parmi les plus grands du monde romain, ils étaient comparables à ceux d’Ostie, le port de Rome. Et le vin, transporté pour l’essentiel sur le fleuve, était un produit phare des échanges commerciaux. Celui conçu par les Allobroges de Vienna était connu et apprécié jusque dans la capitale de l’Empire.
Aujourd’hui, en amont de Vienne, les collines rhodaniennes abritent les vignes de Seyssuel remises en culture à la fin des années 1990, faisant revivre le souvenir des vins dont la qualité était vantée par Plutarque ou Pline l’Ancien.

Le vin au musée
En rive droite, le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal initie en 2008 une démarche d’expérimentation archéologique : une vigne romaine, le Domaine des Allobroges, est reconstituée ;  les pratiques viticoles de l’époque romaine sont mises en scène dans le cadre d’un événement baptisé les Vinalia.

Ampuis, vigne et commerce
Réputée pour la Côte-Rotie, la commune est aussi un lieu de commerce où se sont créées de grandes maisons de négoce de la vallée du Rhône comme Vidal-Fleury et Guigal.  Chaque année se tient le célèbre marché aux vins d’Ampuis.
La double origine possible de son nom trace le portrait d’Ampuis : vient-il d’ampelos, la vigne en grec, ou d’emporium, le comptoir de commerce en latin ?

Condrieu, le vin et le fleuve
À cinq kilomètres au sud, Condrieu a été longtemps un port important et un lieu de tonnellerie. L’héritage condriot lie étroitement la vigne au fleuve ; il est inséparable de la saga de la batellerie rhodanienne.
Au XIXème siècle, presque tous les habitants de Condrieu naviguent sur le Rhône. Ils fêtent saint Nicolas, patron des mariniers et des marchands de vins.
Ils sont chantés par Mistral dans son Poème du Rhône (1897) et on lit sous la plume d’Alphonse Daudet (Premier voyage, premier mensonge) : « il n’y a pas de meilleurs garçons que ces mariniers du Rhône, au regard franc et pétillant comme le vin blanc de Condrieu ». Car à l’époque le vin blanc de Condrieu était pétillant, ce que confirme Mistral qui célèbre lou vin blanc de païs que petejo (le vin blanc de pays, qui pétille).

Petit mais célèbre
Surplombant le Rhône, le vignoble de l’appellation Château-Grillet repose sur des arènes granitiques. De taille minuscule (4 hectares) sa renommée a traversé les siècles. Crée par les romains, le vin est évoqué par Pascal dans ses Pensées ; Joséphine de Beauharnais l’apprécie. Sa rareté, sa minéralité et son aromatique exceptionnelle en font un vin de luxe.

L’héritage et le terroir
Dans ces vignobles est célébré l’héritage de la Vitis allobrogica cher à Pline : syrah pour les vins rouges de Côte-Rôtie, viognier de Condrieu et Château-Grillet ; ils sont ici en limite septentrionale de leurs possibilités culturales et donc au maximum de leur potentiel.
Sur ces Côtes-du-rhône septentrionales, aux sols, géologies et couleurs variés (comme le disent les noms de côte brune et côte blonde), les vignerons ont partout recherché les pentes les plus chaudes situées en plein sud-est à l’abri de la bise, d’où les noms évocateurs de Côte-Rôtie, Chaillées de l’Enfer, Château-grillet.
La viticulture y est qualifiée d’héroïque : Le viognier quasiment disparu dans les années 1960 suite aux guerres, aux crises et au phylloxera, renait vingt ans plus tard. Les pentes sont fortes ; les trois échalas en pyramide qui soutiennent chaque cep semblent ancrer la vigne sur les chaillées (terrasses) retenues par des cheys (murets). Un vrai pays de chèvres ! C’est d’ailleurs ici qu’est produite la rigotte de Condrieu…

 

  • Vignes Condrieu © M CHAPOUTIER

    Vignes à Condrieu

  • Domaine des Allobroge vignoble reconstitue à la romaine conduite sur joug de la vigne © Patrick Ageneau Musee et sites gallo romains de Saint Romain en Gal Vienne

    Domaine des Allobroges, vignoble reconstitué à la romaine « conduite sur joug » de la vigne

  • Cote Rotie Chateau d Ampuis La Viria © E Guigal

    Côte-Rotie Château d’Ampuis La Viria

  • les vignes a Condrieu © mairie de Condrieu

    Les vignes à Condrieu

  • Vinalia le foulage des raisins © Patrick Ageneau Musee et sites gallo romains de Saint Romain en Gal Vienne

    Vinalia le foulage des raisins

  • Vinalia 2014 le pressurage © Patrick Ageneau Musee et sites gallo romains de Saint Romain en Gal Vienne

    Vinalia 2014 le pressurage

  • Coteaux de Condrieu © Mairie de Condrieu

    Coteaux de Condrieu surplombant le Rhône

  • Condrieu Faury © Jean-Paul Bravard

    Condrieu Faury

  • Condrieu Gérard © Jean-Paul Bravard

    Condrieu Gérard

  • Cote Rotie Guigal la Landonne © Jean-Paul Bravard

    Côte Rotie Guigal la Landonne

  • Côte Rotie Dervieux © Jean-Paul Bravard

    Côte-Rôtie Dervieux