Une première sur les rives du Vidourle
Le fleuve côtier du Vidourle se jette dans la mer à Aigues-Mortes. Il est lien et frontière entre la Camargue, les Cévennes et le Languedoc. C’est sur ses rives vers Calvisson, si l’on en croit les fouilles archéologiques, qu’au VIIe siècle avant notre ère, grâce à des visiteurs étrusques, l’on but du vin pour la première fois en France.
Une vigne ancienne et étendue
Ici aussi, les Romains furent vignerons. Les moines médiévaux également cultivèrent la vigne, comme à l’abbaye médiévale de Psalmody dont les ruines se trouvent à Saint-Laurent-d’Aigouze.
Vers la fin du XIXème siècle, à l’apparition du phylloxéra, environ 500 hectares de vignes sont exploités à côté d’autres cultures, de garance notamment, et de pâturages de bovins.
La Camargue protégée par les sables
Les sables côtiers de Camargue apportèrent la richesse viticole lors de la crise du phylloxéra. En effet, la Camargue venait de profiter de travaux d’endiguement (1859) et le sol sableux offrait une protection absolue contre les ravages du puceron.
Les vins de Camargue
Dans les années 1870 les propriétaires plantent de nombreuses vignes. Degrands domaines se créent sur ces sables protecteurs, tel le château Montcalm à Vauvert qui appartient à la famille marseillaise des Noilly-Prat.
La Société des Salins du Midi fondée en 1854 autour de l’économie locale prédominante de production de sel, diversifie ses activités. Principal propriétaire terrien, elle plante des vignes notamment au Domaine royal de Jarras créé en 1883 ou sur une ancienne île, « l’isle de Stel » qui donnera le nom de la marque Listel.
Le vignoble des sables
Le vignoble des sables va couvrir jusqu’à 10 000 hectares. Avec 1 200 hectares de vignes à la fin du XIXe siècle, les Salins deviennent le premier propriétaire de France. Aigues-Mortes devient une capitale viticole ; jusqu’en 1930, Arles sera la deuxième commune viticole de France.
IGP sable-de-Camargue
Aujourd’hui l’IGP sable-de-camargue porte fièrement son nom qui évoque les travaux considérables réalisés pour entretenir un vignoble de qualité : rehaussement des zones les plus basses, remembrement, aménagement de canaux, plantation de joncs contre l’érosion, mécanisation, …
L’appellation compte cent quatre-vingts producteurs qui cultivent 3 000 hectares et élaborent essentiellement des vins d’une teinte peu soutenue dit vins gris.
Près d’Aigues-Mortes, l’Institut Français de la Vigne et du Vin, établissement public chargé de l’Amélioration de la Viticulture est installé sur le domaine de l’Espiguette.
La Crau
C’est en rive gauche du Rhône, sur la plaine de la Crau qui comptait alors plusieurs milliers d’hectares de vignes, que fut découvert « de visu » l’insecte phylloxérique, en juillet 1868.
Si on ne trouve plus guère de vignes aujourd’hui sur la plaine, il reste les vers du poète provençal Frédéric Mistral, qui célébrait alors son vin :
« Avien pièi à-de-rèng begu lou vin de Crau
A la Coucourdo unenco, e pièi se dounant d’ande,
Autour de l’Aubre liberau,
Avien, ébri, dansa lou brande… »
« Puis tour à tour ils avaient bu le vin de Crau
A la gourde commune, et puis prenant du champ,
Autour de l’arbre libéral,
Ils avaient, ivres, dansé le branle. »
Au terme de la décize
Depuis la source, au cœur du glacier, jusqu’à l’embouchure, chaque vignoble rhodanien a ses particularités, qui confèrent au Rhône une identité propre au-delà de sa seule viticulture, de ses seuls vins.
Concluons par une descente express et anecdotique !
Nos étapes nous ont permis de croiser : la plus petite vigne du monde ; un musée du vin dans un château ; la plus grande commune viticole suisse ; un vin effervescent chéri par les curistes d’Aix-les-Bains ; un vignoble qui a aussi construit les beaux immeubles de Lyon ; un écrit de 1698 selon lequel « on ne voit guère que des vignobles autour de Lyon » ; un vignoble de mariniers ; un bout de Massif central tranché par le Rhône ; la boisson de Wagner durant l’écriture de Parsifal ; une Université du Vin perchée sur un affluent ; une forteresse royale à l’origine des appellations d’origine ; un cépage au nom inspiré par un pèlerinage ; un vignoble de sable qui a prospéré malgré le phylloxéra.
S’il le faut, relisez nos chroniques, ou mieux, visitez les vignobles de ce géant de plus de 800 kilomètres !
