La présence de vignobles sur les voies d’eau, notamment les fleuves navigables, est une constante de l’histoire de la vigne. Le long des 812 km du cours du Rhône, on en distingue douze. Leur personnalité est liée à leur situation géographique, par définition unique, à l’histoire ensuite qui en découle et enfin aux tactiques particulières des vignerons au regard des pentes, des orientations, des sols.
À la source du fleuve, commençons notre descente des vignobles.
Un glacier, un fleuve, des vignes
Né d’un glacier, très vite le Rhône suscite des vignes. À quelque soixante kilomètres de sa source, à Visperterminen, les plus hautes vignes d’Europe culminent à 1 150 mètres. Peu après, à Loèche, débute un chemin du vignoble qui parcourt soixante-six kilomètres jusqu’à Martigny. Au Valais germanophone, à l’est de la pinède de Finges traversée par le jeune Rhône torrentiel, succède le Valais francophone.
Le Valais, chaud et sec
Située dans la vallée du Rhône, Sierre est réputée pour être la ville la plus ensoleillée de Suisse. Les vignes – introduites par les Romains, développées dès le Moyen Âge par les seigneurs et les abbayes – s’élèvent sur la rive ensoleillée, plein sud, du Rhône entre 350 et 800 mètres d’altitude.
Un vignoble de bâtisseurs
Les anciens vignerons ont construit à flanc de montagne des réseaux de canaux d’irrigation en bois, appelés les bisses, qui traversent l’abrupt vignoble valaisan.
Morcelé en de multiples parcelles (ou parchets) escarpées, soutenues par 1 600 km de murettes, murs en pierre sèche, c’est un vignoble créé par des bâtisseurs.
Au rythme des transhumances, des tonneaux jamais vidés
Des populations restées nomades jusqu’au début du XXe siècle – notamment celles de la vallée d’Anniviers – se déplaçaient selon les saisons, entre plaine et montagne, culture des vignes et des champs, élevage du bétail.
Après les vendanges, elles remontaient dans la vallée leur production pour élaborer un vin issu de plusieurs millésimes, selon le système de la « solera ».
Vin et voyage
Bien d’autres curiosités attendent l’œnotouriste :
> à Saillon, la plus petite vigne du monde – « la vigne à Farinet » compte trois ceps – dont l’actuel propriétaire est le Dalaï Lama et qui est le support d’actions caritatives ;
> à Fully, la chaude combe d’Enfer et le hameau viticole historique protégé de Branson ;
> les diverses variétés de Dôle, vin d’assemblage typiquement valaisan ;
> le double site du musée du vin au château de Villa à Sierre et dans le village vigneron de Salgesch.
Le Rhône valaisan et ses cépages
Dès sa naissance, le Rhône étale une profusion ampélographique peu commune, avec des raretés comme la Rèze, le Gwäss et le Plantscher .
De nombreux villages sont réputés pour leur cépage blanc ou rouge de prédilection : Vétroz pour l’amigne, Chamoson pour le sylvaner, Visperterminen pour le païen (ou Heida), Leytron pour l’humagne, Fully pour la petite arvine.
Ce n’est que dans les années 1920 que la très rhodanienne syrah et le chardonnay furent introduits dans le Valais. Des particularismes liés sans doute – malgré les échanges transalpins par les cols – au relatif isolement offert par le verrou de Saint-Maurice.
La suite de notre descente du Rhône et de ses vignobles, avec le Chablais vaudois, du verrou de Saint-Maurice au Léman …