Au moment des crues, les gués, utilisés surtout en période d’étiage, disparaissaient sous les eaux. Pour traverser la Saône, les hommes avaient alors recours à des bateaux : les batelets pour le passage des piétons ou les bacs à rames et à traille, de loin les plus nombreux, pour la traversée des véhicules.
Sinon les gués, les bacs ?
Bacs et batelets furent longtemps étroitement complémentaires des passages à gués. Alors qu’on ignore si la traversée par gué était payante, il fallait s’acquitter d’un péage pour emprunter le bac. Pourtant, progressivement, bacs et batelets remplaceront les passages à gués : en témoigne la carte de la Saône dressée entre 1857 et 1856 qui mentionne pour le cours supérieur non navigable de la rivière, quelques passages à gué mais surtout pour l’ensemble du linéaire, tous les bacs.
Bacs de tous les dangers
La traversée sur un bac, qualifié de « charrière » à l’époque médiévale, n’était pas toujours sans danger tant du fait des imprudences humaines que du mauvais état du matériel.
En Verdunois, à la fin du XVIIe siècle, deux naufrages de bacs entrainent la mort de plusieurs dizaines de voyageurs.
Et dans la région de Verdun-sur-le-Doubs, on conserve longtemps le souvenir de la traversée du « bac des vendangeurs » qui en 1765, se solda par la mort de 51 personnes.
Traille aérienne ou câble immergé ?
Contrairement aux bacs du Rhône, ceux de la Saône, à de rares exceptions près en amont de Gray à Prantigny, Chemilly ou Jussey, n’étaient pas des bacs à traille aérienne, mais des bacs à câble immergé. Ils étaient moins dangereux que les bacs à traille comme faillit en faire l’expérience sur la Saône en amont de Gray, Philip Hamerton, un navigateur anglais de la fin du XIXe siècle.
Entre usage local et destinations « lointaines »
La plupart des bacs, notamment sur la Grande Saône entre Lyon et Verdun, assuraient la traversée de la rivière à des « chemins de grande randonnée ».
D’autres en revanche n’avaient qu’un usage local, notamment pour les besoins agricoles. C’était le cas du bac d’Ecuelles en amont de Verdun. Ce dernier permettait aux cultivateurs de la localité de faire traverser la rivière à leurs chars de foin pour l’exploitation des prairies situées sur l’autre rive de la rivière à Charnay-les-Chalon.
L’importance stratégique du franchissement
Une mention particulière doit être faite pour les manœuvres d’entrainement des corps de troupes basés à Gray ou à Vesoul pour le franchissement des rivières. Ces derniers pouvaient s’effectuer à gué comme nous le montre une carte postale du début du XXe siècle montrant une unité du 12e Hussards faisant traverser la rivière à ses chevaux ou encore à Chemilly où le 11e Chasseurs n’hésite pas à faire franchir la rivière sur un bac improvisé à une pièce d’artillerie.
N’oublions pas enfin qu’à l’issue de la deuxième guerre mondiale, tous les ponts de la Saône ayant été détruits lors du retrait de l’armée allemande, nombre d’entre eux furent remplacés provisoirement par des bacs dans l’attente de la reconstruction des ponts.