Milieux naturels, les fleuves, véritables défis à l’intelligence humaine, offrent des ressources autant qu’ils recèlent des dangers.
Voies de communication et d’échanges privilégiées durant des siècles, ils véhiculent des produits, des savoir-faire et des techniques venus d’ailleurs, testés et adaptés aux besoins locaux, dans des processus d’innovation.
Innovations durables
Artère fluviale majeure, l’axe Rhône-Saône permet dès l’Antiquité la pénétration de marchandises et de savoir-faire provenant du vaste Empire romain. Dans les cités riveraines, la puissance romaine se construit et s’accompagne d’une croissance agricole et économique sans précédent.
À Alba située à proximité du Rhône, au croisement de routes commerciales, l’introduction de la culture du vin ou encore de la fabrication du verre, révélée par les fouilles archéologiques conduites par le MuséAl, contribue au développement de la ville.
Innovations et navigation fluviale
De la préhistoire aux enjeux d’avenir, la question de l’innovation jalonne l’histoire des navigations intérieures. Elle contribue à inscrire le transport fluvial comme un marqueur significatif des relations entre les hommes et les fleuves : savoir-faire et capacité à adapter et innover sont nécessaires pour la conception de bateaux.
Dès l’Antiquité, des dynamiques exemplaires
Ainsi, les techniques de construction fluviale des chalands gallo-romains révèlent une grande modernité, une capacité à gérer la complexité d’un chantier naval : diversité d’origine des matériaux de construction, appropriation de la technique du lutage pour optimiser l’étanchéité de la coque, … Le chaland Arles-Rhône 3 exposé au Musée départemental Arles antique est à ce titre exemplaire.
La Révolution Industrielle, le temps des audaces
Des types inédits de bateaux sont conçus pour la navigation sur le Rhône :
> Le bateau-anguille est aussi long (jusqu’à 157 mètres) qu’étroit, avec un tirant d’eau très faible. Imaginé par l’ingénieux mécanicien François Bourdon, il est lancé par les entrepreneurs Bonnardel en 1845.
> Le bateau-grappin avance en accrochant sa roue métallique dentelée de 6 mètres de diamètre au fond du Rhône. Lorsque le niveau d’eau est trop haut, la roue-grappin est relevée, le bateau fonctionne avec ses roues à aubes. Inventé en 1841 par Jean-Claude Verpilleux, il navigue sur le Rhône jusqu’en 1894.
> 7 toueurs sont établis en relais de Pont-Saint-Esprit à la confluence de l’Isère. Sur ce tronçon particulièrement dangereux avec un chenal sinueux et une forte pente, les toueurs remorquent les bateaux grâce à un système de câble.
Du réel au virtuel
Au XXIème siècle, malgré les aménagements du Rhône et sa canalisation en autoroute fluviale, la navigation reste délicate et nécessite de nouvelles innovations.
Le partenariat de CNR, du Comité des Armateurs Fluviaux, de l’institut Fluvia, CEREMA, Promofluvia et Voies Navigables de France a permis la conception d’un simulateur de navigation.
Outil de formation innovant, il reproduit de façon virtuelle le comportement réel de 5 types de bateaux, chargés ou vides, selon la météorologie, le courant, les ordres de barre et de machines du bateau dans des conditions spécifiques ! et ce pour 9 sites réputés délicats sur le Rhône et 6 sites sur la Saône.
La formation s’adresse aux pilotes en formation et aux pilotes expérimentés. Elle est conduite par l’association Promofluvia sur le Port Lyon Édouard Herriot.
Autour de la navigation, d’autres réflexions et recherches d’innovation sont en cours, concernant par exemple les moteurs de bateau dans le cadre de la transition énergétique.