Culture & Patrimoine

Ressource et gestion de l’eau à Lugdunum

Organisation à la romaine

Sans eau, pas d’établissement humain pérenne !
À Lyon, des traces de sédentarisation datant de 12 500 ans avant notre ère ont été découvertes dans la plaine de Vaise en bordure de Saône et de son affluent le Rochecardon.
Avec la fondation de Lugdunum,  s’instaure un nouveau mode de vie où l’eau occupe une place prépondérante.

 

La vie à la romaine à Lugdunum
Le secteur de la Presqu’île appelé les Canabae, alors très marécageux, est urbanisé au 1er siècle de notre ère. Il concentre le commerce notamment fluvial et les entrepôts.
Mais c’est en 43 avant notre ère, sur l’actuelle colline de Fourvière dominant la Saône, que la ville romaine s’organise. Lugdunum, comme d’autres cités gallo-romaines, est édifié à l’image de Rome, capitale de l’Empire.
Et vivre à la romaine, c’est vivre en symbiose avec l’eau, symbole de vie, de pureté et de fertilité ; c’est utiliser l’eau bien au-delà des besoins vitaux.

Thermes,
Vivre à la romaine, c’est fréquenter régulièrement les thermes, haut lieu de sociabilité où l’on se détend, fait de l’exercice et rencontre ses amis.
Édifice public, les thermes sont ouverts à toutes les classes sociales. À l’intérieur plusieurs salles se succèdent : vestiaire, salle froide avec piscine d’eau froide, salle tiède, puis chaude avec piscine d’eau chaude, parfois étuve.
À Lyon, le plus vaste établissement connu a été découvert rue des Farges sur la colline de Fourvière. D’autres étaient de taille plus modeste, comme les Thermes d’Apollon dans le quartier de St Georges.

Fontaines et jardins …
Les fontaines publiques font également partie de cette organisation urbaine sophistiquée imaginée par les romains et l’eau y coule en permanence !
Enfin, certaines demeures privilégiées possèdent jardins avec bassins, fontaines et jets d’eau d’agrément ainsi que des bains privés.

La gestion de l’eau, élément fondateur de la civilisation romaine
Il faut imaginer le degré d’ingénierie et de technicité maitrisé par les romains pour alimenter thermes publics et privés, fontaines et jardins, activités artisanales.
Un réseau hydraulique complexe est installé attestant de moyens considérables pour que l’eau soit présente partout dans la cité : des structures d’alimentation, de distribution, de stockage et d’évacuation des eaux.

Les aqueducs de Lugdunum
Lugdunum est avec Rome une des villes les mieux équipées de l’Empire. Quatre aqueducs sont construits exploitant les ressources des massifs montagneux voisins (Mont d’Or, Monts du Lyonnais, Pilat). Ils acheminent par jour environ 30 000 m3 d’eau sur la colline de Fourvière dépourvue de ressource aquifère, où pourtant la ville s’est implantée.

Diversifier les captages
Il faut assurer un approvisionnement continu toute l’année, même en période de sécheresse. Dans les Canabae, les nappes phréatiques proches et plus accessibles sont exploitées par des puits, auxquels s’ajoutent des galeries de captage, découvertes sous la colline de la Croix-Rousse.
Enfin, l’eau de pluie est recueillie et stockée dans des citernes.

Acheminer puis évacuer dans … le Rhône et la Saône
L’eau collectée est répartie vers les différents secteurs concernés, probablement à l’aide de bassins répartiteurs d’eau, puis acheminée sous pression par des tuyaux ou par gravité grâce à de simples canalisations en terre cuite ou en plomb.
Elle est ensuite évacuée par un réseau d’égouts de taille croissante, depuis les petits caniveaux pour les habitations particulières jusqu’aux collecteurs principaux débouchant sur le Rhône ou la Saône.

Trois siècles plus tard
Avec la chute de l’Empire, sans administration forte pour entretenir ce réseau complexe, l’alimentation en eau par les aqueducs se tarit. La population se recentre dans la ville basse avec accès direct à l’eau de la Saône et du Rhône.
L’hygiène n’est plus une préoccupation majeure ; vivre à la romaine et jouir d’une eau propre et omniprésente devient un lointain souvenir.

 

  • Thermes de la rue des Farges © Service Archeologique de la Ville de Lyon

    Thermes de la rue des Farges

  • Thermes rue des Farges © Service Archeologique de la ville de Lyon

    Thermes rue des Farges

  • Degagement de l

    Dégagement de l’aqueduc de Brévennes

  • Baudrand 2012 plan Lugdunum © Service Archéologique Ville de Lyon

    Plan Lugdunum

  • Données PCR Atlas topographique de Lyon antique © JC Golvin, DRAC SRA Rhône-Alpes, mai 2010

    Essai de restitution de Lugdunum au second siècle après J.-C. par Jean-Claude Golvin

  • Aqueduc de Gier