La référence à l’histoire
Différentes époques historiques sont sollicitées. Le vin est magnifié par l’ancienneté de la tradition viticole qui s’enracine dans le passé gallo-romain (l’histoire de l’ampélographie fait de la syrah un cépage introduit par les Romains depuis le Proche-Orient), et dans le passé médiéval dont le symbole le plus évident est la présence du pape à Avignon au XIVe siècle.
L’Antiquité gallo-romaine apparaît avec des références aux monuments classiques : pont du Gard, arcs de triomphe plus ou moins symbolisés, ou des éléments plus modestes : mosaïques historiées, amphores …
Le Moyen Age est très représenté avec guirlandes de pampres, vignerons en habit médiéval, frises sculptées de style gothique, sceaux et blasons, polices de caractères gothiques.
Les références iconographiques à Avignon avec son pont, le palais des papes, et au château de Châteauneuf du Pape sont nombreuses.
L’image d’Avignon est utilisée pour les siècles suivants avec des scènes de genre au bord du fleuve avec le pont et la ville en arrière plan : vendanges, fêtes au tabourin, scènes de navigation, etc.
Le paysage traditionnel de la viticulture méridionale
Il orne de façon plus ou moins stylisée les étiquettes languedociennes et provençales :
L’archétype du paysage méridional est recomposé sur un fond de collines adoucies, maisons de vignes, mazets et mas, ifs, murettes ou terrasses de pierres sèches.
Farandoles et costumes provençaux cherchent-ils à motiver un acheteur pour qui le Midi est porteur de valeurs positives par son climat et ses traditions ? La vigne et le vin en sont également des éléments constitutifs majeurs…
La moyenne vallée du Rhône : un fleuve et des versants
Au sein du vaste corpus des étiquettes des Côtes du Rhône, certaines représentent deux éléments constitutifs du paysage : le fleuve et les pentes cultivées, parfois associés.
Dans la continuité de l’iconographie avignonnaise, le pont de Condrieu souligne la largeur du fleuve par la puissance de sa structure, tout en retenant le pont comme un élément du patrimoine rhodanien. Le fleuve puissant est l’élément qui domine dans l’étiquette.
L’archétype de l’étiquette « fluviale » est probablement celle reproduisant le fameux tableau du peintre lyonnais Alexandre Dubuisson « La Remonte » (1843). Cette scène de halage composé d’un équipage et des barques exprime la puissance et l’effort et magnifie le paysage et les hommes de la vallée.
Ce texte est le résumé de la proposition de Jean-Paul Bravard (voir Aller plus loin)
Jean-Paul Bravard est professeur émérite de géographie à l’Université Lumière-Lyon 2. Spécialiste de l’environnement des fleuves (passé et présent), il a travaillé sur le Rhône et des rivières de son bassin, ainsi que sur divers grands cours d’eau du globe (le Mékong notamment). Il a notamment co-écrit avec Jacques Bethemont « Pour Saluer le Rhône » aux Editions Libel, Lyon.