Plaisirs de l’eau, loisirs d’hier et d’aujourd’hui

Se baigner en eaux vives, entre rituel et plaisir
Sur le  Plan scénographique de Lyon réalisé au milieu du XVIème siècle, on découvre des personnages plonger et sauter dans la Saône et le Rhône.
Au cours de l’histoire, la proximité avec le fleuve est telle que sur certains secteurs, traverser le Rhône à la nage constitue pour les jeunes garçons une forme de rituel de passage. Parfois, bravant le danger, ils descendent le Rhône en jouant dans les tourbillons.
La baignade peut se révéler dangereuse et souvent on se contente de s’ébattre sur les rivages.
Les lônes puis les carrés Girardon, isolés du courant et peu profonds offrent des piscines inattendues où les rhodaniens apprennent à nager.

La baignade s’organise, se sécurise
Au XIXème siècle, les lieux de baignades peu à peu s’organisent. Parfois des espaces sont délimités par des pontons flottants. Mieux encore, des bateaux sans fond accueillent les baigneurs qui barbotent en sécurité dans l’espace restreint où l’eau circule librement.
Les années 60 avec la construction des piscines municipales marquent la fin de la baignade dans le fleuve. Les plongeons dans le Rhône et la Saône sont désormais marqués d’interdictions formelles. Mais se baigner dans l’eau du Rhône est encore possible sur des sites aménagés, comme au Grand Parc Miribel Jonage, où  des espaces sont aménagés dans les anciennes gravières du fleuve.

Et dans le Léman
Se baigner dans le Lac, plonger dans ses eaux turquoise et rafraichissantes … À Saint-Gingolph, classée en 1930 station touristique et climatique, une plage municipale sera installée. Si ses eaux pendant longtemps inspirent de la peur par manque de salubrité, risque de noyade et même superstitions, le Léman compte aujourd’hui  quelques 121 lieux de baignade.

Joutes, une pratique ancienne
Des représentations de joutes ont été retrouvées sur des bas-reliefs datant de l’ancien Empire Égyptien, il y a environ 2500 ans avant notre ère.
Sur le Rhône, cette pratique est transmise par les Romains. Au Moyen-Âge, les joutes sont de simples défis entre mariniers sans règlement précis.
Du XVIème siècle jusqu’à la fin du XVIIIème, les joutes deviennent de véritables tournois nautiques. Elles participent au faste des manifestations, comme à Lyon en 1548, lors de l’Entrée Royale de Catherine de Médicis et Henri II dans la ville.

Les joutes sur le Rhône, une pratique culturelle
Au XIXème siècle, lors des joutes nautiques et des courses marinières, les sauveteurs, mariniers et pêcheurs s’affrontent et démontrent adresse et force devant un public nombreux et enthousiaste. Regroupés en sociétés de joutes et de sauvetage, les jouteurs sont, à l’origine, des « gens de rivière ». Quant à la figure du sauveteur fluvial, elle participe de l’identité locale et renvoie à une tradition de solidarité populaire, de sociabilité urbaine et festive !
Les joutes sont organisées entre communes à l’occasion de fêtes populaires comme les vogues.  

Sport et tradition
Campés sur le tabagnon à l’arrière d’une barque, les jouteurs doivent mettre à l’eau leur adversaire à l’aide d’une perche en bois, au moment où les bateaux se croisent. De la languedocienne à la lyonnaise en passant par la givordine, différentes méthodes coexistent sur le Rhône.
La disparition progressive des mariniers avec la mécanisation de la navigation et l’industrialisation du fleuve contribue à une recomposition de ce jeu traditionnel,  mais les joutes restent populaires sur le Rhône.
Aujourd’hui, entre sport et tradition, elles retrouvent un certain succès. Il existe même des championnats de France toutes méthodes confondues !