Culture & Patrimoine

Lyon et les côteaux du Lyonnais

Un Rhône, douze vignobles

proposé par André Deyrieux

Vignes et Rhone © Coteaux du Lyonnais

La confluence du Rhône et de la Saône ainsi que les territoires environnants connaissent un peuplement ancien. Dès 45 avant notre ère, la vigne est présente dans les Monts du Lyonnais : en atteste, lors de fouilles archéologiques, la découverte de la villa viticole gallo-romaine de Goiffieux à Saint-Laurent-d’Agny, où était cultivée la vigne en hautains sur des peupliers.

Au Moyen Âge, un vignoble qui prospère en Lyonnais
La vigne est alors sur toutes les pentes bien exposées de Lyon – Croix-Rousse, Fourvière, Caluire-, surplombant le Rhône et la Saône. La zone viticole s’étend en suivant les rives droites des deux cours d’eau -de Anse au nord en bord de Saône, à Givors au sud en bord de Rhône- mais aussi à l’ouest dans les monts du Lyonnais. Elle se prolonge le long des voies de passage et de commerce, comme les vallées de l’Azergues et de la Brévenne.
À proximité, l’abbaye de Savigny, aujourd’hui disparue, joue, entre les Xe et XIIIe siècles, un rôle spirituel, agricole et viticole considérable.
À l’aval de Lyon, à Millery, la présence des vignes est attestée dès 1234. Dans le village, le château de La Gallée est une ancienne maison des vignes des XIVe-XVe siècles, remaniée en maison des champs au XVIe siècle.

Les vins de Lyon : des vins locaux pour une consommation locale
Les vins produits et consommés à Lyon au Moyen Âge jouent un rôle non négligeable dans l’économie locale. Sur les collines de Fourvière et de la Croix -Rousse, se côtoient les vignes de familles notables avec celles des plus humbles travailleurs manuels.
La culture de la vigne, à la différence d’autres biens ruraux que seuls les fortunés peuvent acheter, donne à de nombreux lyonnais de souche modeste, des satisfactions matérielles et psychologiques.

Le vignoble des monts du Lyonnais
Il y a le vignoble de la Saône, né au XVIe siècle, qui est le vignoble du Beaujolais. Mais le vignoble de Lyon et du Rhône est identifié à celui des monts du Lyonnais, qui entourent la ville par l’ouest et longent le Rhône d’Irigny à Givors.
« Point de bon bourgeois qui n’ait sa vigne en Lyonnois », dit un proverbe du XVIe siècle et les demeures des champs sont à la fois des exploitations agricoles et des villégiatures. En 1698, l’intendant Lambert d’Herbigny (Mémoire sur le gouvernement de Lyon) écrit clairement : « on ne voit guère que des vignobles autour de Lyon ».

Période faste et reconnaissance
Le vignoble du Lyonnais connaît une période faste à la fin du XVIe siècle, religieux et riches bourgeois favorisant la culture de la vigne. En 1685 le vin de Millery est servi à la table de Louis XIV. Et le Dictionnaire des Communes de 1818 qualifie le vin produit à Rontalon « de tendre et bonne qualité ».

Gagner son vin quotidien …
Au XVIIe siècle, Givors, ville industrielle, est le siège de verreries. Proche du vignoble de Montagny, son port, au confluent du Rhône et de la vallée du Gier, expédie les vins du Lyonnais. En 1816 la rémunération des crocheteurs de charbon travaillant sur le port de Givors comprend « 2 litres de vin par chaque 100 hectolitres de charbon transbordés, mesurés ou transportés. »
À Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, les Canuts -maitres-tisseurs – ont droit à 50 cl de vin payé par les patrons qui, au XIXe siècle, réduisent  la contenance à 46 cl. C’est ainsi que le pot lyonnais fait son apparition.

Changement de siècles
À la fin du XIXe siècle, le chemin de fer, le phylloxéra, l’industrialisation et l’expansion de l’agglomération lyonnaise portent un rude coup au vignoble lyonnais. La zone de production est réduite à quelques îlots répartis sur 49 communes. Pendant longtemps, le gamay voisine avec la serine et le viognier, cépages typiques de la moyenne Vallée du Rhône. Après la crise du phylloxéra, le cépage Gamay est privilégié.

Aujourd’hui, malgré l’urbanisation, le vignoble persiste et obtient en 1984 l’AOC. Les bonnes parcelles replantées, les vins AOC des Coteaux du Lyonnais couvrent 250 hectares. La production de vin s’accompagne de celle de petits fruits (cerises, fraises, cassis, framboises) aussi des renommées pêches de vigne.

Qu’on se le dise ! Au-dessus du Rhône, Lyon a son jardin gourmand de vignes et de verger.

  • Vignes et Rhone © Coteaux du Lyonnais

    Vignes et Rhône

  • decuvage © Domaine de Prapin

    Décuvage

  • © Coteaux du Lyonnais

    Coteaux du Lyonnais, le vignoble de Lyon

  • Carte geologique © Coteaux du Lyonnais

    Carte géologique

  • Coteaux du Lyonnais © Cyril Louat

    Coteaux du Lyonnais