Saumon, anguille, esturgeon, lamproies, aloses … Les poissons grands migrateurs sont des espèces emblématiques de nos cours d’eau et font partie intégrante de nos patrimoines naturel, historique et culturel.
Leurs populations subissent un déclin continu depuis plusieurs décennies, estimé entre 1970 et 2016 de 76 %.
Situation alarmante
Depuis plusieurs années, tous les chiffres concernant les neuf espèces de poissons migrateurs présentes en France sont alarmants : en 2021, huit d’entre elles ont un statut de conservation jugé défavorable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), dont trois en danger critique d’extinction : l’esturgeon, l’anguille et la grande alose.
La migration, un parcours d’obstacles
Du fait de leurs déplacements dans différents milieux, les poissons migrateurs sont exposés à des risques démultipliés.
Les causes de régression des espèces sont diverses et souvent d’origine anthropique : au fil de l’eau, de nombreux obstacles comme les biefs ou les barrages, entravent le parcours des poissons, les empêchant de migrer.
Ces obstacles altèrent également leur habitat et impactent la qualité de l’eau : la diminution du courant favorise l’évaporation, entraîne un réchauffement et une perte d’oxygénation.
La surpêche contribue au déclin, en mer principalement mais aussi pour certaines espèces, comme l’anguille européenne, dans les rivières.
La pollution des eaux
Adoptée en 2000, souvent désignée par son sigle DCE, la Directive-Cadre Européenne sur l’eau, établie par le parlement européen et le Conseil européen, définit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique au plan européen.
En France, les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux -SDAGE- définissent les règles locales de gestion de l’eau.
Dans ce cadre, de nombreuses mesures mises en place ont amélioré la qualité de l’eau du Rhône ; mais subsistent des points noirs, avec les pesticides, les micro-plastiques ou encore les substances pharmaceutiques.
Les rejets de polluants dans les cours d’eau affectent la santé et le développement des poissons.
Le changement climatique
Le changement climatique amplifie ces problèmes : le niveau d’eau des fleuves et rivières baissent, les températures augmentent.
En été, la diminution des débits des cours d’eau est aggravée par les prélèvements de plus en plus importants réalisés pour les activités humaines.
Le changement climatique perturbe les courants marins et modifie les ressources nutritives nécessaires aux poissons.
Les populations de poissons grands migrateurs sont fortement impactées par ces dérèglements qui dégradent leurs capacités de reproduction et décalent leurs migrations.
Une attention particulière pour les espèces amphihalines
Espèces menacées, les poissons grands migrateurs font l’objet d’une attention particulière en matière de gestion. Outre leur caractère patrimonial, les poissons migrateurs amphihalins sont des indicateurs du bon fonctionnement et du bon état des cours d’eau.
De nombreuses structures impliquées dans la gestion des milieux aquatiques se mobilisent pour multiplier les actions : restauration de la continuité et des caractéristiques physiques des cours d’eau, mise en place de dispositifs de franchissement piscicole fonctionnels, gestion adaptée de ces ouvrages et de la ressource en eau.
Un plan de gestion dédié à leur préservation
Le plan de gestion des poissons migrateurs – le PLAGEPOMI- est un document de référence quinquennal. Il fixe les mesures utiles à la reproduction, au développement, à la conservation et à la circulation des espèces, les plans de soutien d’effectifs ainsi que les conditions d’exercice de la pêche. Il intègre, entre autres, les déclinaisons locales du plan de gestion de l’anguille.
Pour 2022- 27, le PLAGEPOMI s’articule autour de 5 grandes orientations :
Reconquérir les axes de migration ;
Poursuivre la gestion des pêches ;
Suivre l’évolution des populations à l’échelle du bassin ;
Améliorer la connaissance des espèces et leurs habitats ;
Sensibiliser aux enjeux et valoriser les acquis.
Les acteurs du PLAGEPOMI
Le plan est élaboré par un comité de gestion des poissons migrateurs -COGEPOMI- qui joue le rôle d’instance de concertation consultative à l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée.
Le COGEPOMI réunit l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion des poissons migrateurs : représentants de l’administration et des établissements publics, différentes catégories de pêcheurs, collectivités locales, associations, hydroélectriciens ….