Amarrées sur les rives du Rhône et sur la Saône, les plattes étaient des bateaux à fond plat permettant de laver directement le linge au contact de l’eau froide du fleuve.
À partir de 1860, ces « bateaux lavoirs » se modernisent. Équipés de chaudière, ils deviennent de véritables blanchisseries. Le linge était mis à bouillir dans de grandes cuves avant d’être étendu sur la partie supérieure des bateaux.
« … Il avait plu toute la nuit sans discontinuer, puis tout le long du jour, le Rhône gonflait. La platte rattrapait la hauteur du courant en montant le long du duc-d’Albe. L’eau noire bouillonnait contre les piles du pont de la « Guill ». Elle charriait déjà d’énormes troncs d’arbres désarticulés qui heurtaient le bateau-lavoir à grands coups de butoir.
Les ouvrières sursautaient. La peur faisait son apparition, toutes se souvenaient de la grande crue de 1856 qui avait vu la platte disparaître dans les flots furieux. La propriétaire avait tout perdu dans un grondement d’acier, de feu, et de bois disloqués. Silencieusement les lavandières priaient en essorant le linge lavé, elles en rajoutaient au tumulte l’eau puisée un instant avant … »
M. Guironnet « Le voyage de Victorine » Dans les courants du fleuve 2022-23
Les plattes ont inspiré les peintres lyonnais Adrien Bas, Auguste Morisot ou David Girin qui ont restitué le paysage des bords du Rhône à Lyon, ponctués par ces lavoirs flottants.
Le dernier bateau lavoir situé sur la rive gauche du Rhône en aval du pont Lafayette, a disparu au début des années 1950.
- Effets de brouillard sur les quais du Rhône, David Eugène Girin © Tomaselli Collection
- Bas port – Quais de la Guillotière vers 1892, Auguste Morisot © Tomaselli Collection
- Quais du Rhône, 1909, Adrien Bas © Tomaselli Collection