Le fleuve roule ses galets, ses eaux sombres composent d’inquiétantes arabesques envoutantes et son courant si rapide présage de la puissance de ses flots …
Le niveau monte et l’inondation menace la vie organisée des rives …
Les riverains et les mariniers imaginent d’étranges et menaçantes vies au fond et en bord du Rhône. Face à cet élément naturel dont ils ne peuvent maitriser les tumultes, ils se protégeront grâce à des croyances et des superstitions.
Les monstres
Les légendes du fleuve nous racontent les monstres habitant ses rives, ses lônes ou ses profondeurs … Dragons ou serpents, ils symbolisent ses mystères et ses dangers avec la dévastation des inondations, la force des eaux et leurs tourbillons, les sombres profondeurs, l’abandon et les secrets de ses lônes, … ils sont différents tout le long du Rhône : c’est la Mâchecroute sous le pont de la Guillotière à Lyon, la Tarasque à Tarascon, le Drac à Arles ou à Beaucaire, la Coulobre à Vallabrègues…
Superstitions et croyances à l’Antiquité
L’axe Rhône-Saône est alors une artère commerciale importante. À Arles (Arelate), ville maritime et fluviale, les fouilles archéologiques subaquatiques récentes révèlent une modeste pièce de monnaie et une magnifique statue de Neptune en marbre : deux objets fort différents aux fonctions pourtant similaires de protection des bateliers, leur bateau, et des corporations liées à la navigation.
Sur le chaland Arles-Rhône 3, coincée entre deux éléments en bois de la coque, cette pièce de monnaie est un indice de la religiosité ou de la superstition d’une corporation de marins.
Quant à la statue de Neptune découverte au fond du Rhône, une inscription gravée témoigne que celle-ci a été érigée en l’honneur de la corporation des renunclarii. Cette association professionnelle regroupait les bateliers procédant au transbordement de marchandises à l’aide de petites embarcations.
Au temps des grands équipages, une foi empreinte de pragmatisme
Protecteur des enfants et des hommes que leur profession expose à de grands périls, Nicolas est le saint patron des mariniers. Son pouvoir est toutefois limité !
En effet, à celui tombé à l’eau les mariniers criaient : « recommande-toi à Saint Nicolas, mais surtout nage ferme ! ».
Mais l’objet peut-être le plus emblématique est la croix de marinier placée sur la barque du patron de l’équipage au temps des grands convois halés par les chevaux. Les croix étaient sculptées par les mariniers pendant leur temps libre.
Objet d’art populaire, la plupart de ses ornements témoignent de la Passion du Christ : glaive, dés, marteau, coq … et du quotidien des hommes du fleuve.