Cohabiter avec le Rhône
Mais pendant longtemps dans la plaine valaisanne, sur les bords du Rhône, est pratiquée une agriculture de type agro-pastoral. Les riverains cohabitent avec le fleuve. Celui-ci, formé de nombreux chenaux séparés par des îles de sable et de graviers, s’étend et ne cesse de recomposer son parcours en de multiples tresses.
Quand le Petit Âge glaciaire transforme le cours du Rhône
Le Petit Âge glaciaire débute vers 1300 et dure jusqu’au milieu du XIXe siècle. Certaines périodes caractérisées par des précipitations importantes rendent le Rhône de plus en plus menaçant dans la plaine du Valais. En 1545, entre Riddes et Martigny, les pâturages en bordure du fleuve sont totalement dévastés.
Les sédiments charriés par les affluents exhaussent le lit du Rhône. Ses trajectoires instables et son emprise grandissante mettent en danger les activités humaines.
Que faire face à la menace du Rhône ?
Les communautés riveraines doivent assurer leur protection en construisant des digues. Mais si la nécessité de procéder à un endiguement systématique se fait de plus en plus pressante, il faut attendre les inondations du milieu du XIXe siècle et l’adoption de la nouvelle constitution fédérale de 1848 pour qu’un projet d’envergure soit mis en œuvre.
Un contexte propice pour la première correction du Rhône
Les conséquences de la terrible crue de 1860, considérée comme une catastrophe nationale, sont déterminantes pour le chantier de la première correction du Rhône.
Dans un cadre de travaux d’intérêt national, la Confédération qui avait déjà accompagné la correction du Rhin dans les cantons des Grisons et de Saint-Gall, va soutenir financièrement l’endiguement du Rhône, afin notamment de protéger les voies de communication vers l’Italie, comme la ligne de chemin de fer du Simplon.
La première correction du Rhône
L’endiguement systématique de Brigue au Léman et la construction de grands canaux de drainage sont conduits entre 1863 et 1894.
200 km de digues sont dressés à la pelle et à la brouette. La largeur du Rhône est resserrée par deux « douves », des digues parallèles en terre et en gravier. L’endiguement est renforcé par la construction d’épis perpendiculaires aux berges afin d’accélérer la vitesse du courant au centre du fleuve et faciliter le transport des sédiments.
Les limites de la première correction
Endiguer et resserrer le lit du fleuve pour augmenter la puissance de charriage des sédiments ne suffisent pas. Le Rhône corrigé ne transporte pas jusqu’au Léman les millions de mètres cubes apportés par ses affluents qui ralentissent son courant. Les risques d’inondations sont toujours importants, comme celles de 1897 ou 1935. Les déboires des Valaisans avec le fleuve ne sont pas terminés.
La deuxième correction
Dès 1936, la deuxième correction est lancée. 25 ans de travaux pour approfondir le lit du Rhône, éviter son exhaussement, renforcer son lit majeur, augmenter la puissance de charriage des sédiments, drainer la plaine, aménager les affluents, remplir les marécages, défricher les terres …
À partir des années 60, l’exploitation des gravières élimine peu à peu le problème du charriage des graviers, utilisés pour la construction des habitations et des infrastructures.
La deuxième correction achève la métamorphose des paysages et donne à la plaine du Valais son aspect actuel : culture intensive, centres industriels et urbains ont remplacé les zones alluviales, qui ne représente plus que 1% de la surface de la plaine.
Jamais deux sans trois
Depuis la fin de la deuxième correction du Rhône, à la faveur d’une période de calme hydrologique sans crue importante, un sentiment de sécurité s’est installé. Peu visible entre ses hautes digues, le Rhône semblait dompté et coulait droit. Mais les fortes crues de la fin du XXe siècle et, en particulier, celle d’octobre 2000 ont confirmé la nécessité de réaménager le fleuve.
La troisième correction est engagée et avec elle, un nouveau chapitre de l’histoire des relations entre le Rhône et les Valaisans.