Le cours du Rhône dans le secteur de Villeneuve-lès-Avignon a beaucoup évolué au cours des siècles. Le Mont Andaon, rocher sur lequel se dresse le Fort Saint-André, était bordé autrefois par le fleuve. L’actuelle place Charles David était le port de Villeneuve et on trouvait l’île de Bourbon, au nord du rocher.
La digue et le fleuve
Au milieu du XVIIIe siècle, les riverains de l’île Bourbon font construire une grande digue qui entraîne le déplacement du lit du Rhône en direction de l’île de la Barthelasse. Leur but est de protéger leurs terres et les berges altérées par le batillage, ce remous des eaux provoqué par le passage des bateaux ou le vent.
Peu à peu, le fleuve se retire ; seuls subsistent des lônes et deux marais au pied du Fort Saint-André.
Les nouvelles terres sont plantées d’oseraies appelées localement des « vergantières » ou de saules appelés « broutières ».
D’où vient le paludisme ?
En 1776, la ville est frappée par une épidémie de paludisme, transmise par les piqûres de moustiques, mais à l’époque attribuée selon Joseph Gastaldy, le médecin du Fort Saint-André, aux exhalaisons des marais. Ces odeurs désagréables sont amplifiées par les rejets du moulin à huile, des filatures de vers à soie et de l’usine d’eau-de-vie du village.
Stopper l’épidémie ou conserver les terres,
On préconise en 1777 la construction d’un canal qui permettrait de ramener les eaux du Rhône au pied du Fort Saint-André. Mais les habitants s’y opposent, préférant garder leurs terres de même que les Bénédictins de l’abbaye Saint-André, dont les valets sont accusés d’avoir jeté une charogne dans les marais pour augmenter les mauvaises odeurs !
Et créer la plaine de l’Abbaye
La même année, la décision est prise de boucher les marais avec les rochers du Fort Saint-André qui sont broyés sur place et jetés dans les eaux. Les eaux croupissantes disparaissent et le Rhône se déplace définitivement bien loin de son cours d’origine, laissant place à la plaine de l’Abbaye.