Nature & Environnement

Le Milan noir, une saison rhodanienne

Proposé par Clément Cognet, chargé de mission du patrimoine naturel de l’Espace nature des Iles et Lônes du Rhône (SMIRIL)

Milan noir © Cedric Janvier

Les Milans noirs sont connus des riverains du Rhône. Ailleurs et plus en hauteur, ils sont souvent confondus avec des buses. Arrivés fin mars en France, ils se reproduisent rapidement et repartent dès fin juillet, 4 mois intenses où ils élèvent leurs petits, jusqu’à l’envol vers l’Afrique subsaharienne et ses baobabs.

Reconnaitre le Milan noir
Il se distingue de la buse variable par un plumage plus sombre et par la forme de sa queue, droite ou légèrement échancrée, alors que celle de la buse variable est arrondie .
Avec le Milan royal, la distinction est parfois délicate. Ce dernier a une queue plus échancrée et des taches blanches bien visibles sur le bout des ailes, appelés panneaux alaires. Selon la luminosité, on peut voir des taches plus claires sous les ailes des Milans noirs, il faut alors compter le nombre de digitations : 6 doigts pour le Milan noir contre 5 pour le royal.

Hivernage en Afrique
Au mois d’aout, les Milans noirs réalisent un long trajet vers le Sahel. Ils arrivent à la fin de la saison des pluies puis descendent plus au sud où la sécheresse avance.
Au cœur de l’hiver, la majorité des Milans noirs se situent en Afrique de l’Ouest, entre le Sénégal et le Cameroun.
Ils se nourrissent de charognes trouvées ici ou là, souvent le long des pistes, de poissons piégés dans des flaques et surtout d’ordures facilement prélevables dans les décharges proches des grandes villes.

Direction Europe de l’Ouest
Début février, il est l’heure de déménager et de plus en plus d’oiseaux survolent la savane en direction du Sahara.
À la peine en vol battu, les Milans cherchent des thermiques pour planer au maximum : avec des vents favorables, ils peuvent traverser le désert en une semaine.
Ensuite, direction le détroit de Gibraltar pour éviter la traversée de la Méditerranée et quelques jours plus tard, ils empruntent le couloir rhodanien, les voilà en train de survoler les forêts en bourgeons d’Europe de l’Ouest.

Avec le réchauffement climatique, la migration est toujours plus précoce : en 2022, les premiers passages pré-nuptiaux de Milans noirs ont été observés très tôt dans la saison (le 7 février à Lyon).

La reproduction
À leur arrivée en Europe, les Milans noirs paradent et s’accouplent très rapidement. Puis vient le temps de l’aménagement du nid, appelée aire. Souvent réutilisée d’une année sur l’autre, suspendue à une charpentière de peuplier en hauteur au-dessus du fleuve, cette dernière est aménagée par la femelle.
Organisés en colonie, les Milans peuvent construire plusieurs nids sur le même arbre et occuper de nombreux arbres voisins. Au sud de Lyon, l’Espace nature des Iles et Lônes du Rhône accueille une cinquantaine de couples et à Genève, c’est près de 350 couples qui se regroupent dans un mouchoir de poche !
Les femelles couvent un mois (32 jours précisément) tandis que les mâles surveillent le nid de la menace des Corneilles noires.

L’élevage des jeunes
2 ou 3 poussins sont nourris progressivement de viande, puis de poissons et d’insectes à la becquée. Blancs à la naissance, ils brunissent et quémandent de plus en plus de nourriture. Un mois après leur naissance, ils mangent les proies entières apportées au nid. Les jeunes sont impatients de s’envoler mais pour l’instant ils ne se déplacent que de branches en branches à proximité du nid.

Le départ
Les adultes et les jeunes se réunissent de plus en plus souvent et en plus grand nombre, à quelques centaines de mètres du nid. Les adultes partent en premier. Trois ou quatre semaines plus tard, c’est au tour des jeunes de s’envoler.
Tous ou presque repartent en Afrique. Car depuis quelques années, il n’est plus très rare de voir des Milans noirs raccourcir leur voyage et hiverner dans le sud de la France ou en Espagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : Article « Le messager du soleil » dans le revue Salamandre n°208 (février-mars 2012)

  • Dortoir de Milans noirs en 2009 © Clement Cognet

    Dortoir de Milans noirs en 2009

  • Milan noir 2 © Clement Cognet

    Milan noir

  • Milan noir © Cedric Janvier

    Milan noir

  • Milan noir © Clement Cognet

    Milan noir