À quelques kilomètres au nord de Villefranche, le marais de Boistray est un site d’une immense richesse écologique. C’est aussi le dernier grand marais du département du Rhône.
Soumis à de multiples pressions, il fait l’objet depuis plus de vingt ans d’un ambitieux programme de conservation.
Une zone d’expansion des crues de la Saône
Situé en amont de Lyon, le marais de Boistray est alimenté en eau indirectement par la Saône. Lors des épisodes de crue, il contribue à éviter des inondations dommageables en aval.
Le marais joue aussi un rôle de filtration des eaux : sa végétation contribue à fixer l’excès de nitrates et autres polluants pour les recycler.
Un site d’une richesse écologique fragile
Prairies humides, roselières, réseau de mares, fourrés arbustifs et boisements alluviaux s’épanouissent sur le marais. Les suivis scientifiques ont révélé la présence de 17 espèces végétales protégées, comme l’ail anguleux ou la très jolie fritillaire pintade qui colore de teintes pourpres le marais au printemps.
Les populations d’oiseaux sont par contre en régression avec seulement 42 espèces nicheuses recensés en 2019.
Cette baisse constatée est certainement liée à l’assèchement du marais conjugué à l’état inquiétant des populations d’oiseaux des marais au niveau national et international.
Des dysfonctionnements hydrauliques importants
Les aménagements de la Saône pour la navigation et, dans les années 60 et 70, les travaux de l’autoroute A6 ont contribué à déconnecter le marais de la rivière. Les travaux de recalibrage de la Saône ont entraîné une incision de son lit, menant à une moindre inondabilité du marais.
Et bien qu’un ouvrage de franchissement ait été installé, l’autoroute A6 reste une barrière entre le marais et la Saône, limitant ainsi les apports d’eau.
Résultat : les périodes d’étiage sont de plus en plus longues au fil du temps, le marais s’assèche.
Une mobilisation des acteurs locaux
Afin de préserver cette vaste zone humide, les acteurs locaux se sont mobilisés dès 1995 pour maintenir, avec le monde agricole et le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes, un entretien traditionnel du marais : fauche, pâturage, taille des arbres, conservation des mares …
Ces pratiques favorisent la floraison de plantes rares et/ou protégées et la reproduction d’espèces animales comme le Cuivré des marais ou le Triton crêté. L’amélioration du fonctionnement hydraulique du marais est désormais au cœur des préoccupations.
La valorisation des produits du marais
Parfois appelé « bâge », le foin du marais est valorisé en paillage en viticulture et maraîchage, grâce à la presse à miniballes du Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes. Le marais est également pâturé par des vaches limousines, ce qui permet pour l’éleveur une activité de vente directe de viande.
Le marais de Boistray, un espace en tout point précieux.