Quand les arts numériques interrogent le fleuve
Avec le festival ON, l’art numérique se tourne vers le Rhône, cette force liquide et changeante ; questionnant notre rapport à son histoire, nous entrainant à mieux le connaitre, à nous immerger dans ses flux, à tendre l’oreille : dans l’espace public, sur les berges, dans différents lieux patrimoniaux, des musées, …
D’une année sur l’autre
En 2019 le festival ON présentait notamment l’exposition collective BigTorrent, qui offrait une approche sensible du fleuve et de ses débordements, vécue à travers des installations plastiques, des dispositifs immersifs et des expériences augmentées.
En 2020, ON garde le cap et nous parle du Rhône dans une programmation multiple : œuvres, animations pédagogiques, croisières augmentées où l’on rencontre un photographe et un artiste sonore , …
Une voix parcourt le Rhône
C’est le deuxième volet d’un projet au long cours, que Julie Rousse a débuté en 2019 avec un concert à bord d’une navette naviguant sur le Rhône. Pour ON 2020, elle propose une immersion dans la fresque sonore, hybride et sculpturale du fleuve, où sa voix prend corps tel un arrangement symphonique, suivant une ligne maîtresse : entendre, voir et vivre le Rhône comme une entité vivante à part entière.
Promenade d’écoute amplifiée
Les promeneurs déambulent le long du fleuve munis de dispositifs sonores mobiles, l’écoutant sous tous ses aspects même les plus cachés, révélés en temps réel par Julie Rousse : dans la sphère de l’inaudible, hydrophones et capteurs divers s’ajoutent aux sons urbains audibles à l’oreille nue et à des témoignages pré enregistrés. Peu à peu le basculement s’opère dans la prise de conscience du monde sonore qui nous entoure.
Colosses
La compagnie Louxor Spectacle intègre à nombre de ses créations une dimension environnementale. L’eau est une scène et les enjeux écologiques, un fil rouge. Avec Colosses, présentée à Lyon en 2019, un couple de mannequins de dix mètres de haut, ultime rempart contre la puissance des éléments, retenait les piles d’un pont menacé par la montée des eaux … Les pieds dans la Saône, le duo mis en lumière incarnait toute la fragilité du bâti et des hommes face à la nature. La démesure des personnages sonnait comme un aveu de fragilité face à la puissance du fleuve, une lutte silencieuse à l’issue ignorée se jouait sous l’œil du public impuissant.
Colosses est la métaphore de l’irrépressible désir humain de dompter les éléments. L’installation pour ON 2020 est présentée aux Thermes de Constantin.
Sensing the river (reporté)
Le studio Creatmosphere souhaite sensibiliser le public au rôle fondamental de l’eau et aux problèmes environnementaux connexes. Ses œuvres lumineuses révèlent l’identité des villes, éclairant cours d’eau, ponts, réservoirs, lacs et autres barrages. À Arles, Creatmosphere proposait de reconstituer en lumière l’emblématique « Pont aux Lions » avec son tablier métallique horizontal aujourd’hui disparu après les bombardements de 1944.
Que se passe-t-il quand les temps du fleuve rencontrent celui du festival, où se partagent des émotions, des connaissances, l’écoute et le regard des publics et des artistes ? De nouvelles perceptions du Rhône certainement s’élaborent à partir de ces expériences. Des souvenirs se fabriquent ; des consciences peuvent émerger et explorer des futurs possibles.