Nature & Environnement

Le Castor du Rhône, chronique d’un sauvetage

L'activité de l'Homme est responsable de la disparition d'espèces. Le Castor est le symbole qu'il n'y a pas de fatalité : passé très près de l'extinction, l'espèce a été sauvée de peu ! Où a eu lieu ce succès ? Sur le Rhône bien sûr…

Proposé par Rémi Bogey, Conservateur de la Réserve Naturelle Nationale du Haut-Rhône français

Castor d Europe © Remi Bogey

Trop peu discret et trop chassé, le Castor disparait très tôt d’une grande partie de son aire de répartition, pourtant étendue de l’Europe de l’ouest à la Mongolie. Il est souvent confondu avec le Ragondin, espèce originaire d’Amérique du sud introduite  au XIXème siècle en Europe.  Mais le Castor est un rongeur de la famille des castoridées, qui ne possède qu’un genre et deux espèces : l’européenne et la nord-américaine.

 

Le castor, une manne
Sa fourrure exceptionnelle, sa viande, sa graisse et même ses organes ont fourni aux hommes, depuis la préhistoire,  des vêtements (manteaux, chapeaux) ou de la nourriture. Pendant les périodes de carême,  sa viande, pourtant grasse, était autorisée à la consommation, prétendument considérée comme proche du poisson.
Et la pharmacopée et la parfumerie ont fait une grande consommation du castoréum issu de ses glandes pour notamment exploiter ses effets proches de l’aspirine. Synthétisé par le saule, l’acide salicylique est concentré par le castor qui s’en nourrit !

Les prémices de la protection de la nature
Au début du XXe siècle, l’espèce est déjà presque oubliée. Seules résistent de petites poches de population de castors notamment dans l’extrême sud du Rhône.
L’espèce sera une des premières à bénéficier d’un régime de protection préfectoral dès 1909 dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse. Peu à peu les populations grandissent et un front de recolonisation permet la reprise des anciens territoires occupés.
Malheureusement,  le paysage Rhodanien a déjà bien changé et de nombreux obstacles limitent la progression du castor.

La reconquête
Dans les années 50, puis plus intensément dans les années 70 et 80, l’espèce est réintroduite sur le Rhône amont, en Bretagne, sur la Loire, en Lozère ou en Alsace … Peu à peu la France redevient la terre de Castor qu’elle avait cessé d’être ; ce que de nombreuses rivières ou lieux-dits continuaient de témoigner, portant son ancien nom, le Bièvre : Brévonne, Bièvre, Brévenne, …
Des castors sont prélevés dans le Rhône pour repeupler les rivières de l’hexagone. Les quelques autres poches relictuelles, en Bavière, en Russie vont également être mises à contribution pour sauver l’espèce.

Le retour de l’espèce ingénieure dans le bassin versant
Espèce familiale et territoriale, les populations de castors remontent peu à peu les petits affluents pour aller parfois s’implanter dans des secteurs qui peu adaptés à ses besoins. C’est alors que le génie de l’animal lui fait modifier son environnement en construisant des barrages.
Ces ouvrages aux tailles parfois imposantes lui permettent de remonter le niveau de l’eau pour se déplacer, accéder à une ressource alimentaire plus éloignée de l’eau etc. Ce faisant, le Castor contribue à la restauration des zones humides qui ont tant souffert de destruction.
Ainsi ces milieux créés par le castor bénéficient aux amphibiens, aux poissons, aux mammifères, aux plantes…

L’histoire retiendra-t-elle que le sauvetage du Castor a commencé dans une lône du Rhône où se cachaient les derniers survivants ?

  • Tronc ronge par Castor d Europe © Remi Bogey

    Tronc rongé par Castor d’Europe

  • Castor d Europe © Remi Bogey

    Castor d’Europe

  • Castor d Europe nageant © Remi Bogey

    Castor d’Europe nageant

  • Trace de castor d Europe © Remi Bogey

    Trace de castor d’Europe

  • Bois ronge © Remi Bogey

    Bois rongé

  • Castor d Europe © Remi Bogey Syndicat du Haut-Rhone

    Castor d’Europe

  • Castor © SMIRIL

    Castor