Au cours des siècles, le Rhône est à la fois frontière et trait d’union.
Il est pendant plusieurs siècles la frontière entre Empire et Royaume et reste aujourd’hui encore une frontière administrative.
Élément structurant des territoires qu’il traverse, il est aussi un vecteur d’innovation technique : le franchir a longtemps été difficile à cause de sa géomorphologie en tresses, ses crues fréquentes, son fort courant.
Comment faire de cette frontière naturelle un axe de communication de rive à rive ?
Pendant longtemps, seuls les passages à gués permettent de franchir le fleuve . Si ils ont laissé peu de traces sur le Rhône, les archéologues ont pu en dénombrer 25 sur la Saône entre Chalon et Lyon.
Dans l’Arles antique, important carrefour routier, fluvial et maritime, les Romains construisent un pont de bateaux, là où le Rhône est le moins large, le moins profond et où le courant est moins fort.
Les ponts à l’époque médiévale
Seulement trois ponts existent sur le Rhône : à Avignon, Pont-Saint-Esprit et Lyon. L’histoire de ces ouvrages en pierre, monumentaux mais fragiles, sans cesse ébranlés par les crues, sans cesse à reconstruire, témoigne des difficultés du passage d’une rive à l’autre.
Les bacs
Sans gué ni pont, les riverains utilisent les bacs à traille. Le bac, dirigé par un passeur, glisse le long d’un câble appelé « traille » tendu entre deux piliers sur chacune des berges.
Nombreux le long du Rhône, les bacs ont joué un rôle essentiel dans les relations et les échanges entre les deux rives.
Matérialisant le passage d’une juridiction à une autre, leur installation donnait lieu à des tractations complexes pour leur autorisation et la tarification des traversées.
Ce mode de traversée abandonné petit à petit, sera réutilisé temporairement avec la destruction des ponts lors de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui seuls subsistent les bacs motorisés du Barcarin et du Sauvage en Camargue pour traverser le Rhône.
Les ponts Seguin
À la Révolution industrielle tout change avec Marc Seguin. Entrepreneur d’Annonay, il adapte le système des ponts suspendus aux États-Unis en remplaçant les chaines de suspension en fer forgé par des câbles, faisceaux de fil de fer très résistants.
Marc Seguin utilisera également d’autres innovations comme le béton hydraulique ou le béton armé.
Les avantages techniques et financiers de ces ponts « Seguin » sont nombreux : bien moins chers que ceux en pierre, rapides à construire, Ils s’adaptent au fleuve avec une seule pile au milieu du lit. Enfin, les ponts sont financés par des sociétés d’actionnaires locaux qui se remboursent sur les péages. …
Des ponts romains jusqu’aux ponts actuels, le franchissement du fleuve constitue un formidable moteur d’évolution, d’innovation et de progrès technique ; il participe également de manière déterminante à l’histoire des villes et des villages riverains.