Si le Rhône est le fleuve le plus puissant de France, la Saône est la rivière la plus importante, par la taille de son bassin et son réseau hydrographique.
Pourtant, ses eaux si calmes, en apparence, ont fait dire à Jules César « Son cours est d’une incroyable lenteur, au point que l’œil ne peut juger du sens du courant. »
Un cours d’eau tranquille
Sénèque le confirmera, en qualifiant la Saône de rivière « Hésitante et ne sachant point de quel côté elle versera ses flots » !
Mais la Saône connait sa source qui se trouve à Vioménil, un village situé dans les Vosges, à environ 450 mètres d’altitude.
Après une course fort tranquille s’étirant à travers un paysage de plaine, la rivière conflue avec le Rhône à 163 mètres d’altitude à La Mulatière, une commune limitrophe de Lyon.
Sa pente peu inclinée, avec une dénivellation en moyenne de 4cm/km, explique son débit faible : 10m3/s à Gray, 30m3/s à Lyon !
Incomparable avec le Rhône dont le débit moyen à Lyon est d’environ 600 m3 /s et à son embouchure 1800 m3/s …
Un calme trompeur
Avec l’apport d’une cinquantaine d’affluents plus ou moins importants, la Saône draine le bassin versant le plus grand de France, constitué d’un immense réseau hydrographique de 9000 km de rivières.
Son régime hydrologique est de type pluvial océanique : l’été est une période d’étiage, avec ses basses eaux et de très rares crues.
Mais les pluies de l’hiver entrainent les hautes eaux : les inondations hivernales peuvent transformer la plaine en une vaste étendue aquatique, un immense lac à la surface miroitante.
Avec la faible profondeur de son lit, ses débits lents, la Grande Saône, notamment avant les aménagements, se caractérisait par des étiages marqués et des inondations conséquentes.
L’histoire témoigne de ses nombreux débordements qui jouent un rôle majeur dans les inondations du Rhône, après la confluence.
Une ou plusieurs Saône ?
La Saône traverse 6 départements : Les Vosges, la Haute Saône, la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire, l’Ain et le Rhône. Elle est divisée en trois parties.
La Haute Saône de Corre à Gray-sur-Saône : 197 km
La Petite Saône relie la partie haute à la Grande Saône : 116 km
La Grande Saône, à partir de Verdun-sous-le-Doubs après la confluence avec son affluent le plus important, le Doubs. La rivière s’étale paresseusement sur 167 km dans la plaine alluviale et peut atteindre jusqu’à 300 m de large à Mâcon.
L’alliance de la Saône et du Rhône, ces deux cours d’eau aux caractères si opposés, constitue une des voies majeures de communication dans l’histoire, reliant la mer Méditerranée à la mer du Nord.
On parle souvent concernant la navigation, d’axe Rhône-Saône.
La Saône, milieu naturel, rivière aménagée
La plaine alluviale de la Saône est un réservoir biologique, avec une des plus grandes zones humides de France. La préservation de ses zones humides est un enjeu majeur pour sa biodiversité et contribue à limiter l’impact des inondations. La Saône joue également le rôle de corridor migratoire.
Au cours du XIXème siècle, pour améliorer sa navigabilité, des aménagements sont conduits sur cette rivière au caractère si aléatoire, par le Service spécial de la Saône créé en 1835.
Sur la Grande Saône, un chenal navigable est aménagé grâce au dragage et au clayonnage, des barrages à aiguilles avec des écluses sont installés. Les hauts-fonds caractéristiques en période de basses eaux disparaissent, le paysage des îles également.
Comme de nombreux cours d’eau aménagés au cours de l’histoire pour les besoins de la navigation et des activités humaines, la Saône fait aujourd’hui l’objet d’un suivi et d’une gestion concernant la qualité de son eau, ses zones humides, son environnement.