Portrait
Emmanuel Ruben
en direct du fleuve
Emmanuel Ruben a grandi sur les bords du Rhône. Ancien élève de l’ENS, il est agrégé de géographie. Il a été pendant 4 ans directeur artistique de la Maison Julien Gracq, sur les bords de Loire, et a publié en 2019 Sur la route du Danube, livre inspiré de sa remontée du fleuve et de la traversée de l’Europe à vélo, d’Odessa à Strasbourg.
Il est le président du jury pour la deuxième édition du concours d’écriture « Dans les courants du fleuve ».
La série des portraits En direct du fleuve propose des rendez-vous avec des personnes qui développent un lien particulier au Rhône ou à la Saône. Aux mêmes questions, différentes réponses nous donnent par ricochet, de nouvelles vues sur le fleuve !
Bonjour Emmanuel Ruben, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes et nous parler du lien que vous avez avec le Rhône ?
Je suis né à Lyon et j’ai grandi au bord du haut Rhône, car mon père travaillait à la centrale nucléaire Superphénix, à Creys-Malville (38). Un de mes premiers poèmes, Le Rhône et l’adolescent, écrit en classe de seconde, est inspiré de mes vagabondages au bord du fleuve.
J’ai failli une fois être englouti par les sables mouvants du Rhône et c’est une cousine qui m’a sauvé la vie. J’ai écrit plusieurs textes à propos du Rhône, dont une des nouvelles du recueil Nouvelles ukrainiennes. J’ai aussi beaucoup dessiné sur les rives du Rhône.
Je reste très attaché à ce fleuve et mon prochain roman, Malville, se situera dans ces parages.
Donnez-nous trois ou quatre adjectifs pour décrire le Rhône
Turquoise, fougueux, opaque
Quel est votre meilleur souvenir avec le Rhône, ou un autre fleuve ?
La remontée du Danube à vélo
Avez-vous un fleuve préféré, lequel, pourquoi ?
Oui, bien sûr le Danube, car j’ai vécu 2 ans sur ses rives. Mais j’aime aussi beaucoup la Loire, au bord de laquelle je vis aujourd’hui.
Avez-vous une photo que vous affectionnez particulièrement ? Pourquoi ?
Ce sont les portes de Fer, à la frontière de la Serbie et de la Roumanie, un des plus beaux paysages danubiens, la rencontre du fleuve et de la montagne, mes deux passions.
Quel avenir imaginez-vous pour le Rhône ?
Qu’il ne soit plus le fleuve le plus artificialisé du monde.
Parmi celles qui vous sont présentées, quelle citation préférez-vous ? Pourquoi ?
L’ANTIQUE
On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve
Héraclite d’Éphèse
C’est une citation qui parle de l’impermanence de l’identité, du fait que nous sommes constamment en mouvement, en devenir, que rien ne peut être figé – « rios que se van », dit un poète espagnol, des rivières qui s’en vont.
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