Portrait

Bernard Rocher

En direct du fleuve

Portrait Bernard Rocher © TDR

Bernard Rocher a été élu élu durant trois mandats au sein du conseil municipal de Vernaison, commune de la Métropole lyonnaise.
Vernaison fait partie du SMIRIL, le Syndicat Mixte du Rhône des Îles et des Lônes créé en 1995 pour retrouver un Rhône vif et courant, renouer des liens étroits entre les hommes et le fleuve, et préserver l’espace naturel.
La série des portraits En direct du fleuve propose des rendez-vous avec des personnes qui développent un lien particulier au Rhône ou à la Saône. Aux mêmes questions, différentes réponses nous donnent par ricochet, de nouvelles vues sur le fleuve !

Bonjour Bernard Rocher, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes et nous parler du lien que vous avez avec le Rhône ?

Depuis tout « gône » (enfant en parler lyonnais), j’ai développé un lien affectif particulier avec le Rhône. Habitant à Vernaison, je descends encore régulièrement voir le fleuve. À 14 ans, j’ai intégré la société de joutes de mon village.
Durant mes mandats au conseil municipal de Vernaison, les élus du territoire se sont mobilisés pour faire revenir le Rhône dans la vie des habitants.
Avec le creusement du canal de navigation, la construction du barrage et de la centrale-écluse de Pierre Bénite, le niveau du Rhône avait baissé. La plupart des habitants s’étaient alors peu à peu détournés du fleuve.
Nous nous sommes donné pour but de permettre à chacun de s’intéresser au fleuve et lui redonner vie. Ce travail aboutira finalement à la création du SMIRIL.
Le Rhône d’avant les grands travaux nous ne le reverrons plus. Mais il faut arriver à faire comprendre aux gens que le Rhône d’aujourd’hui est beau et appréciable tel qu’il est.

Donnez-nous trois ou quatre adjectifs pour décrire le Rhône et quelques explications de vos choix

Accaparant
Lorsque l’on est pris par la vie du fleuve, on ne s’en sort plus. A chaque fois que j’ai eu l’opportunité de traverser un village ou une ville située près du Rhône, l’une des premières choses que j’ai faites en arrivant a été d’aller voir le fleuve.
Vivant
Le Rhône est vivant et continue à réagir malgré toutes les transformations qu’il a subies. Son aspect et ses couleurs changeants d’un jour à l’autre nous indiquent l’évolution du temps et témoignent de cette vitalité.
Avec du caractère
Bien que chamboulé par toutes les « tortures » qu’il a subies, le Rhône a gardé son caractère naturel. Il faut apprendre à le connaître et respecter ce caractère car il peut toujours nous réserver de mauvaises surprises.

Quel est votre meilleur souvenir avec le Rhône, ou un autre cours d’eau ?

Parmi de nombreux souvenirs, je me souviens d’une mésaventure vécue vers 16 ans. Ma passion était alors la barque sur le fleuve.
Nous étions en mars et c’était la fin de la journée. L’un de nos camarades avait coincé son canoé contre un arbre lors d’une expédition. Nous voilà donc partis le récupérer.
Malgré le fort courant et la température fraiche de l’eau, nous empruntons la lône puis entrons dans le fleuve pour tenter d’attraper la ficelle du canoé et le dégager. Lors d’une manœuvre, notre barque est projetée contre un arbre. Nous nous accrochons tant bien que mal aux branches et appelons au secours.
A la nuit tombante, un habitant finît par entendre nos cris et on vînt nous récupérer. A notre arrivée à Vernaison, une trentaine de personnes nous accueillaient !
Si nous avions pu nous cacher dans un trou de souris, nous l’aurions sans doute fait ! Cela reste malgré tout un très bon souvenir.

Avez-vous un fleuve préféré ? lequel ? pourquoi ?

Le Rhône, j’ai toujours vécu au bord de ce fleuve.
J’aime l’eau et mon amour pour ce fleuve est venu automatiquement.

Quel avenir imaginez-vous pour le Rhône ?

Pour plaisanter : « un tremblement de terre qui détruirait tous les barrages pour redonner son libre cours au fleuve » !
Plus sérieusement, j’imagine un fleuve plus naturel mais je crois que les actions en cours vont permettre une amélioration du Rhône. L’Homme essaie de temps en temps d’arranger ses erreurs commises dans le passé.
Lorsque dans les années 1980, l’idée a été lancée de redonner vie au fleuve sur notre territoire, on ne savait pas trop où l’on allait.
Le projet du territoire au sud de Lyon s’est finalement orienté vers une augmentation du débit sur le Rhône et le recreusement de lônes.
Ce projet de restauration écologique a été l’un des premiers menés sur le fleuve.
Une fois que « la compagnie a pris la citadelle », d’autres projets ont pu se faire à différents endroits. L’ensemble des actions de restauration écologiques déjà menées ou en cours vont rendre le Rhône plus attractif qu’il ne l’a été.

Parmi celles qui vous sont présentées, quelle citation préférez-vous ? Pourquoi ?

La pragmatique

Il est plus facile de déplacer un fleuve que de changer son caractère.

Proverbe chinois

Vers Pont Saint-Esprit, quand on traverse le Rhône en barque, on se dit qu’il a toujours du caractère. A cet endroit, un canal de dérivation a pourtant été creusé assez loin de son lit d’origine, mais le fleuve a encore du caractère dans son lit naturel.

La passionnée

On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais de la violence des rives qui l’enserrent.

Bertolt Brecht

Le Rhône est fortement contraint par l’aménagement de ses rives. Il porte une sorte de corset autour de lui. Ses rives peuvent donc être violentes à son encontre.

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  • Brume sur le Rhone SMIRIL © Bernard Rocher

    Brume sur le Rhône, site du SMIRIL