Petites histoires de bateaux sur la Saône
Dès l’Antiquité et jusqu’à l’époque médiévale, des pirogues monoxyles, ces embarcations primitives, côtoient les chalands, d’imposants bateaux assemblés à fond plat transportant des blocs de pierre.
À l’époque moderne, 15 jours avec 3 bateliers, 4 chevaux et un conducteur sont nécessaires pour le voyage d’une douzaine de bateaux à vide, de Lyon à Auxonne. Ces équipages croisent de grands radeaux de chêne ou de sapin provenant de Verdun-sous le Doubs qui descendent jusqu’à Arles.
L’aménagement de la rivière
Son lit peu profond, sa faible pente, ses crues durables et ses étiages marqués nécessitent pour le développement de la navigation à vapeur, la création en 1835 du Service Spécial de la Saône qui conduira de nombreux aménagements comme le creusement du chenal navigable.
Des barrages à aiguilles sont construits, notamment à Port-Bernalin sur la commune de Parcieux, à l’entrée de Lyon, à la Mulatière en amont de la confluence avec le Rhône.
L’incroyable longévité des Parisiens, et après ?
À partir de 1850, 17 bateaux à vapeur assurent le transport des voyageurs entre Chalon et Lyon. Concurrencés par le chemin de fer, tous cessent d’être exploités, sauf les Parisiens, deux bateaux transportant des marchandises et jusqu’à 400 passagers. En 10 heures pour 138 km, ils franchissent cinq écluses et desservent une vingtaine de haltes, dont Trévoux.
Après 75 ans de carrière, le service s’arrête en 1925.
À la fin du XIXème siècle la Saône entre dans le cercle des voies navigables modernes, avec la mise en place du gabarit Freycinet. Mais les mariniers conservent leur connaissance séculaire du milieu hydrographique qu’ils nomment la « lecture d’eau ». Leur péniche est leur maison, et passant devant Trévoux, leur parcours de navigation suit l’historique axe Rhône-Saône.
Les temps changent, la vie au bord de la Saône aussi
À l’époque antique celle-ci se traversait à gué grâce aux nombreux haut-fonds. Sur ses rives, les traces de nécropoles romaines, de mottes médiévales, de moulins, de zones portuaires, de dépôt d’offrandes, … racontent l’étroite et ancienne relation des riverains à la rivière.
La Saône, longtemps frontière politique et territoriale, était également un espace d’échanges et de complémentarité de rive à rive.
Après les gués, les bacs, puis les ponts permettent sa traversée.
À Trévoux, en 1851 la construction d’un pont suspendu payant marque l’histoire de la ville. L’ouvrage aujourd’hui restauré est devenu une passerelle piétonne.
Il n’y a plus de plattes, ces bateaux-laveries amarrés sur les quais dans les villes.
Les troupeaux de vaches ne dérangent plus les mariniers lors de leur remonte sur les chemins de halage.
À Port-Bernalin, le barrage à aiguilles a été démonté, l’éclusier appartient au passé.
Restent l’écluse et la maison éclusière construite sur une butte en prévention des crues. Il y a maintenant un port de plaisance et à Trévoux une halte fluviale.
La Sâone, comme d’autres cours d’eau, accueille aujourd’hui des bateaux de tourisme, expression de nouveaux usages et de nouveaux loisirs.