Un lieu inspiré
Situé au cœur du centre historique de Arles, le bâtiment témoigne de l’architecture et de l’histoire de la ville, de l’Antiquité au 21ème siècle. Demeure aristocratique au Moyen-Âge, collège de Jésuites au 17 et 18ème siècle, prison et lieu de débats sous la révolution française, il est investi en 1906 par Frédéric Mistral pour l’installation du Museon Arlaten.
Au fil des ans, il connaitra différents aménagements, jusqu’à sa fermeture en 2009 pour d’importants travaux de rénovation. Le musée a ré-ouvert ses portes en 2021.
Un musée de poète, un musée de société
Entre mémoire et imaginaire, science ethnographique et présentations suggestives, patrimoine chargé d’histoire et souffle régionaliste, le Museon Arlaten, « Panthéon de la Provence » selon son père fondateur est bien un « musée de poète ».
Plus de 120 ans après sa création, le musée interroge la Provence d’aujourd’hui et les traditions héritées, par un travail d’enquêtes ethnologiques de terrain.
Son nouveau parcours de visite imaginé en 5 temps, propose un double cheminement, entre l’approche ethnologique et la restitution de l’histoire du musée et de sa muséographie.
Des collections, des habitants
Dès sa création, Frédéric Mistral confie les collections du musée au Conseil Général des Bouches-du-Rhône. Aujourd’hui, celles-ci rassemblent 40 000 objets recueillis au fil des ans. Reflet de la culture provençale, chargées d’émotions, elles sont issues à l’origine de collectes auprès des habitants.
Ainsi, la Tarasque des Carmélites fut donnée au musée par les Hospices de la Ville en 1936.
Quant au buste-reliquaire de Saint-Nicolas, patron des mariniers, il provient de la chapelle dédiée à la confrérie des mariniers, en l’église Saint-Césaire. Celle-ci est située dans le quartier de la Roquette à Arles, qui fut plusieurs siècles durant le quartier des mariniers de la ville.
La salle du Rhône et de la mer
Cette salle a été rénovée à partir d’une carte postale ancienne du musée. Dans le droit fil du concept de “musée du musée”, le visiteur découvre le traitement d’une thématique, celle du travail des pêcheurs et des mariniers du Rhône, selon la muséographie de l’époque de Frédéric Mistral.
Collectés sur les berges de la Méditerranée, autour de Marseille et le long du Rhône au sud de Lyon, les objets exposés témoignent d’activités traditionnelles de pêche, de navigation, de transport fluviomaritime mais aussi de rites, de croyances et de coutumes.
La reconstitution est enrichie d’un objet contemporain : la vitrine centrale renferme un écran numérique tactile pour approfondir ses connaissances sur les objets exposés. Et un jeu attend petits et grands, opportunément baptisé… “Game of Rhône”.
Quand le Rhône sort de son lit et s’invite dans la ville …
En décembre 2003, après plusieurs jours d’importantes pluies, le Rhône et la Durance, connaissent des crues exceptionnelles. Au soir du 3 décembre, la digue au sud de la commune de Tarascon cède en plusieurs endroits. Les eaux du Rhône s’engouffrent dans ces brèches et se dirigent vers Arles. Le lendemain soir, la partie nord de l’agglomération est couverte d’une couche d’eau qui, par secteurs, approche deux mètres. L’eau stagnera pendant plus d’une semaine avant de disparaître grâce à des dispositifs de pompage hors du commun.
Recueillir la parole des habitants
Le bilan matériel de la catastrophe s’avère particulièrement lourd : près de 8 000 sinistrés, des entreprises fermées, …
Un an et demi après, à la demande du Museon Arlaten, l’ethnologue Jean-Marc Mariottini a interrogé ceux qui ont vécu l’inondation. Le corpus d’entretiens sera complété par une série de témoignages et de films visible dans le Temps 5 du musée.
Ainsi, l’approche ethnographique conduite par le Museon donne des clefs de compréhension inédites en s’intéressant au quotidien qui se recompose après le désastre, aux interactions provoquées entre les habitants.