Le Musée gallo-romain de Chanaz installé dans une chapelle gothique au cœur du village médiéval éclaire un pan de l’histoire du canal de Savières. Il témoigne du rayonnement et de l’activité quasi-industrielle des potiers installés sur ses rives à l’époque du Bas-Empire.
Le canal de Savières est le déversoir naturel des eaux du lac du Bourget vers le Rhône et inversement lors des crues fluviales.
Reliant en 4 kilomètres le lac au fleuve, il était jusqu’au siècle dernier, une importante route commerciale.
Une production réputée
Les Potiers de Portout s’installent au bord du canal de Savières dans la première moitié du Ve siècle après J.-C. Ils y produisent une céramique luisante, appelée « céramique à vernis argileux luisant », typique des bords du lac du Bourget où argile et eau, nécessaires à sa réalisation, sont disponibles en abondance.
Fabriquée dès 250 après J.-C. dans les « ateliers du lac », la production se poursuit à Conjux au IVème siècle, puis à Portout, à la fin de l’Empire romain d’occident.
Les potiers fabriquaient plats, assiettes, bols, gobelets, tasses, pichets, faisselles, … toute une vaisselle utilitaire destinée à l’approvisionnement de sites civils, et également aux cantonnements militaires présents dans ce contexte de fin d’empire et de début des invasions barbares.
Entre lac et fleuve, une situation stratégique et pourtant fragile
Il semble que Portout, du latin portus, était un port. Les potiers avaient choisi de s’y installer pour implanter et développer leur activité commerciale. Situés stratégiquement sur le canal, ils vendaient leurs céramiques au bord du lac, dans l’avant-pays alpin et jusqu’en Suisse. Ils rejoignaient également la Saône jusqu’à la Franche-Comté ou descendaient le Rhône jusqu’à Massilia et le bassin méditerranéen.
À Portout ont été découvertes des amphores provenant d’Espagne, d’Afrique du Nord et d’Orient, des verreries issues des Bouches-du-Rhône, des monnaies émanant des quatre coins de l’Empire. Le Rhône était ainsi l’un des principaux moyens de diffusion et d’approvisionnement pour les potiers et des habitants de Portout.
Mais la vie au bord de l’eau réserve parfois quelques désagréments : en 450, une élévation exceptionnelle du niveau du lac du Bourget contraint les potiers de Portout à abandonner leur atelier et marque la fin de la production de céramique luisante au bord du lac.
Chanaz, fidèle à son histoire
La tradition céramiste a traversé les siècles. Aujourd’hui présente sur les rives du canal, elle reste source d’échanges et de rencontres avec notamment le Marché des Potiers de Chanaz fin juillet et bien sur le Musée gallo-romain.
Le village de Chanaz et le site archéologique de Portout peuvent se découvrir au fil de l’eau, ou à vélo avec la proximité de ViaRhôna.
Avec l’écluse de Chanaz construite en 1984, le canal continue à lier le Rhône et le lac du Bourget.