À Lyon, en rive droite de la Saône dans la plaine de Vaise, une première occupation relevant du phénonème urbain est identifiée dès la fin du premier âge de Fer.
En 43 av JC. , une colonie romaine s’installe sur un site dominant la confluence de la Saône et du Rhône, qui porte aujourd’hui le nom de colline de Fourvière.
La ville aux quatre rives se construit autour de ses liens intimes avec ses cours d’eau : entourée par la Saône et le Rhône, sa presqu’île en est l’illustration fondatrice.
L’évolution de la topographie d’un site cerné par les eaux
Cet espace instable, aux contours sans cesse redessinés par le fleuve et la rivière, est étudié depuis le XIXème siècle. Mais c’est grâce à l’archéologie préventive et la collaboration entre archéologues et géomorphologues, depuis la fin du XXème siècle, que la compréhension de son évolution a progressé.
Les origines fluviales d’un territoire mouvant
La presqu’île a été créée au premier âge du Fer. La puissance du Rhône repousse alors le lit de la Saône au pied de la colline de Fourvière. L’importante charge caillouteuse qu’il transporte s’accumule sur le site de la confluence d’origine, traversé par trois chenaux principaux prolongés par des lônes. Le fleuve sillonne en tresses, entre des îles formées dans une géographie en constant devenir.
Une occupation progressive
Malgré l’environnement fluvial et l’importance des débordements, les premières occupations s’établissent sur la presqu’île vers le changement d’ère.
À la fin du 1er siècle sans doute, les chenaux sont comblés notamment par l’installation de vides sanitaires constitués de milliers d’amphores. La presqu’île, bien que toujours fragilisée par les crues, offre progressivement un espace urbain continu.
Dans l’Antiquité le confluent se développe au niveau de l’Abbaye d’Ainay. La superficie de la presqu’île ne sera augmentée qu’à la fin du XVIIIème siècle avec la création du quartier de Perrache.
Des questions en suspens
Nombre d’interrogations subsistent sur l’évolution et l’occupation de ce territoire conditionné par la morphologie fluctuante du fleuve.
Comment imaginer l’organisation de la ville dans un environnement constitué en partie d’îles végétalisées ? Ces espaces régulièrement inondés accueillaient-ils des activités de pêche, de cueillette ; étaient-ils le refuge de petites embarcations ? Comment étaient-ils reliés ? …
Comprendre l’évolution du cours du Rhône dans la ville
Lors de la construction d’un parking souterrain proche du Pont de la Guillotière en 1984, une opération d’archéologie préventive met au jour les vestiges de ponts et aide à mieux saisir l’évolution de la rive gauche du Rhône : au XIXème siècle, un brotteau qui divisait le cours du fleuve et créait un bras secondaire est comblé par un remblai. Cet espace gagné sur le fleuve donne au quartier sa configuration actuelle.
Sous le bitume, différentes strates de l’histoire du fleuve
Rue Marc Bloch (7e arr.), des fouilles et une carte géologique nous apprennent l’existence d’une terrasse fluvio-glaciaire formée il y a une vingtaine de milliers d’années. C’est la terrasse de la Guillotière, qui a protégé le territoire des grandes crues, comme celle de 1856.
En contrebas il faut imaginer, à la période préhistorique, la plaine d’inondation du Rhône formée de paléochenaux en tresses puis en méandres ; leur disparition progressive se situe durant l‘Holocène …
C’est ainsi que les études combinées d’archéologie préventive et de géomorphologie offrent ces visions dynamiques et sans cesse questionnées, de l’histoire du fleuve et de la ville.