Long et sinueux
Commencé à la fin du XIIème siècle, le pont fut certainement achevé vers la moitié du XIVème siècle. Il serpentait alors sur le Rhône, les fondations de ses 21 piles s’appuyant sur des îlôts de galets.
Il était long de 920 mètres et avait 22 arches. Il n’en reste plus que 4 aujourd’hui.
L’ouvrage était si étroit qu’il ne permettait pas le passage de charrette et ne pouvait être emprunté qu’à pied ou à cheval.
Mais il était indispensable à la cour pontificale pour traverser le Rhône et rejoindre Villeneuve, devenu lieu de villégiature.
Le commerce du pont
Grâce aux taxes et aux péages payés par les bateaux et les passants, la ville, de dimension modeste (environ 6500 habitants), put s’enrichir : le pont permettait le contrôle de l’important trafic fluvial sur le Rhône entre Méditerranée et Europe du nord, enjeu économique majeur pour Avignon et ses ports.
Y transitaient des marchandises diverses comme les laines et draps, les cuirs et bottes de chanvre, les vins du Languedoc ou blés de Toulouse et surtout le sel.
Un pont à la merci du Rhône
Vers la fin du Moyen Age, le phénomène climatique appelé « petit âge glaciaire » fut dévastateur pour le pont d’Avignon dont les arches étaient emportées régulièrement par de fortes crues du Rhône.
La montée du niveau des sédiments au pied des piles exerçait une pression importante ; celles-ci finissaient par s’effondrer. Les sources mentionnent plus d’une quinzaine d’effondrements, avec une accélération à partir du XVIème siècle.
En 1582, de larges dégorgeoirs sont ouverts dans les tympans des piles pour laisser passer l’eau.
En vain, le pont, chantier perpétuel, gouffre financier, sera laissé à l’abandon à la fin du XVIIème siècle.
Célèbre et pourtant inconnu
Le pont fut très tôt un lieu de pèlerinage, avec une chapelle dédiée à Saint-Bénezet installée dans une de ses piles. Au début du XVème siècle, sera construite la chapelle Saint-Nicolas, protecteur des mariniers.
En 2010, géomorphologues, historiens, archéologues et architectes, 4 ans durant, partent en quête des secrets du pont d’Avignon. De ces recherches interdisciplinaires, une maquette numérique synthétisant en 3D l’ensemble des connaissances, restitue une traversée émouvante du Rhône, de rive à rive, sur le pont enfin retrouvé.
Quant à sa légendaire chanson popularisée à la fin du XIXème siècle grâce à des opérettes, elle a depuis lors fait le tour du monde.